Favorise l'antibiorésistance
Antibiotiques : un tiers de prescriptions inutiles aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, 34 millions des prescriptions d'antibiotiques à l'hôpital sont inappropriées et inutiles. Un mésusage qui favorise l'émergence de l'antibiorésistance.
Environ un tiers des prescriptions d’antibiotiques dans les hôpitaux américains sont inappropriées, selon une vaste étude publiée ce mercredi dans la revue JAMA. Des résultats qui illustrent à nouveau l’usage massif de médicaments indispensables et irremplaçables, mais menacés par l’émergence de résistance bactérienne.
En 2013, une étude des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a évalué à plus de 2 millions le nombre de patients infectés par une bactérie multi-résistante par an, et à 23 000 le nombre de décès.
Aux Etats-Unis, l’antibiorésistance est classée au 10ème rang des priorités de santé publique, derrière les cancers, la maladie d’Alzheimer ou les maladies cardiovasculaires.
Mais ce constat accablant n’est pas l’apanage des Etats-Unis. En Europe, 25 000 personnes décèdent chaque année d’une infection à bactérie résistante, dont 12 500 en France. Dans notre pays, entre 30 et 50 % des antibiothérapies seraient inadapté ont inutiles.
34 millions de prescriptions inutiles
Comme la France, les Etats-Unis, consomment trop d’antibiotiques à la ville, comme à l’hôpital. Sur l’année 2010-2011, près de 13 % des consultations ambulatoires à l’hôpital aboutissait par la prescription d’antibiotiques. La sinusite est la maladie la plus traitée par ces médicaments, suivis des otites et des pharyngites, selon ces travaux. En outre, les chercheurs notent que les infections respiratoires ont mené à 221 prescriptions d’antibiotiques pour 1 000, mais seulement 111 pour 1000 patients sont jugés comme appropriées.
Limiter la prescription à 7 jours
« La moitié des prescriptions d’antibiotiques pour traiter les infections respiratoires sont inutiles, soit 34 millions de prescriptions par an, soulignent les auteurs de l'étude américaine. Dans l’ensemble, 30 % des ordonnances délivrées à l’hôpital sont inappropriées. Cette estimation pourrait être utile aux programmes de bon usage des antibiotiques en ambulatoire à l’hôpital établis pour les 5 prochaines années. »
Le plan national américain prévoit de réduire de 50 % la consommation d’antibiotiques d’ici 2020. En France, le plan d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016 a fixé une réduction de 25 %. Mais force est de constater que des efforts supplémentaires sont nécessaires. En 10 ans, la consommation de ces molécules a grimpé de 7 %.
Pour préserver l’efficacité de ces traitements, un rapport remis fin septembre à la ministre de la Santé proposait de limiter la durée de prescription à 7 jours. Les auteurs ont également insisté sur la nécessité d’attaquer de front tous les secteurs qui concourent à l’antibiorésistance. Car, le phénomène ne se cantonne plus aux établissements de santé ou les cabinets de médecins, les élevages et l’environnement sont aussi des acteurs clés.
Marisol Touraine souhait un cadre réglementaire européen
Dans un numéro spécial de la prestigieuse revue scientifique The Lancet consacré au système de santé français, la ministre de la Santé Marisol Touraine a rappelé que l’antibiorésistance est inscrite à l’ordre du jour des prochains sommets internationaux grâce à la France.
Elle a également incité les pays de l’Union Européenne à revoir leurs programmes de surveillance de la résistance bactérienne afin de les harmoniser. Elle a, par ailleurs, demandé à la Commission Européenne de réfléchir à la création d’un nouveau cadre réglementaire pour les médicaments permettant de lutter contre l’émergence de l’antibiothérapie.
Enfin, la ministre a annoncé qu’une nouvelle campagne de communication serait lancée en France en 2017. A l’image « des antibiotiques, c’est pas automatique », cette campagne doit permettre d’alerter les Français des risques à court et long-terme du mésusage des antibiotiques.