Femmes enceintes

Italie : 5 décès mystérieux dans des maternités

Le ministère italien de la Santé a ordonné l'ouverture de plusieurs enquêtes après la mort en fin de grossesse de 5 femmes en une semaine. Diverses hypthèses sont sur la table. 

  • Par Julien Prioux
  • DURAND FLORENCE/SIPA
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  • 04 Jan 2016
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    Quand les fêtes de Noël tournent au cauchemar ! Cela pourrait être le titre de cet article dont l'histoire se déroule en Italie. Cinq jeunes femmes en fin de grossesse sont en effet mortes dans différentes régions italiennes entre le 25 et le 31 décembre. Un drame dans ce pays qui détient l'un des taux de mortalité périnatale parmi les plus faibles au monde. D'après la Banque mondiale, il est de 4 pour 100 000 naissances depuis 2004. 

    Pour expliquer cette recrudescence des décès de femmes enceintes, les médias transalpins évoquent les faibles effectifs en période de fêtes. Ils sont pointés du doigt et quatre enquêtes ont été ouvertes à la demande du ministère de la Santé.
    Elle concernent d'abord Giovanna Lazzari, 29 ans, enceinte de huit mois et mère de deux autres enfants. Elle est morte à Brescia, le 31 décembre, ainsi que son bébé alors qu'une césarienne avait été tentée. Elle avait été admise aux urgences la veille à cause d'une forte fièvre et de symptômes de gastro-entérite, selon son compagnon. Dans des propos tenus dans les médias italiens, rapportés par l'Agence France Presse (AFP), ce dernier précise : « Giovanna m'a envoyé un message dans la nuit pour me dire qu'elle avait de fortes douleurs mais que les médecins ne s'occupaient pas d'elle. »

    Des médecins absents 

    Deux autres femmes de 35 et 39 ans sont mortes la même semaine après un arrêt cardiaque. Leurs bébés n'ont pas survécu. Une quatrième, Anna Massignan, médecin de 34 ans, est décédée à Lonigo après une césarienne d'urgence qui faisait suite à une chute. Le bébé est mort quelques heures après.

    De leur côté, les médecins se demandent si les femmes aux grossesses tardives, et donc davantage à risque, ont fait l'objet d'une surveillance appropriée. Pour Antonio Starita, directeur médical de l'hôpital San Camillo à Rome, « 35 % des grossesses en Italie impliquent des femmes de plus de 35 ans. A cet âge, le risque de mortalité maternelle est multiplié par deux », a-t-il expliqué à La Stampa.

    Un dernier cas n'a pas donné lieu à l'ouverture d'une enquête, celui d'une jeune femme de 23 ans, morte chez elle à Foggia. Heureusement, son bébé a pu être sauvé grâce à une césarienne post-mortem.

    Des experts envoyés sur place  

    La ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, a déjà dépêché une équipe d'experts à la clinique de Brescia et dans les maternités où sont survenus trois des quatre autres décès de futures mères. « Nous devons comprendre si les procédures appropriées ont été suivies ou s'il y a eu des défaillances dans l'organisation », a dit la ministre, soucieuse d'éviter « de nouvelles tragédies ».

    Actuellement, cette dernière est, il est vrai, sous le feu des critiques. Dans un entretien publié dans La Repubblica, Rosalba Paesano, professeur de gynécologie à l'Université romaine, reproche au ministère de la Santé de ne pas rembourser certains examens préventifs.
    Pour elle, le risque de thrombose ou d'insuffisance cardiaque a pu être sous-estimé dans les examens de suivi de fin de grossesse de plusieurs des victimes.
    « Avec des examens préventifs, nous aurions pu sauver tant de femmes en salle d'accouchement », a-t-elle déclaré. Mais le ministère de la Santé ne dit pas qu'ils sont requis parce qu'ils coûtent trop cher. Les procédures que nous avons sont obsolètes », pense-t-elle.
    Le débat sur le suivi des femmes enceintes italiennes est donc loin d'être fini. 

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