Cerveau
Covid-19 : l'infection fait perdre des points de QI même sous forme légère
Un épidémiologiste fait le point sur l'impact d'une infection à la Covid-19 sur le cerveau et les capacités cognitives.
Si la Covid-19 garde encore certains mystères, il est maintenant bien établi qu’une infection par le SARS-CoV-2 a un impact sur la santé du cerveau. Le brouillard cérébral est l’un des troubles les plus associés au coronavirus. Toutefois, ce n’est pas le seul.
Dans un article paru dans The Conversation cet été, Ziyad Al-Aly, épidémiologiste au sein de Washington University in St. Louis a fait le point sur l’étendue de nos connaissances sur la question ainsi que les dernières découvertes concernant les conséquences de la Covid-19 sur la santé cérébrale.
Covid-19 : jusqu’à 9 points de QI en moins
Une grande étude menée sur près de 113.000 personnes touchées par la Covid-19, publiée dans la revue New England Journal of Medicine, fait un constat inquiétant. En premier lieu, elle confirme que les patients présentaient des déficits en matière de mémoire et de performances dans les tâches exécutives qu’ils aient été infecté par le SARS-CoV-2 ou ses variants Delta et Omicron.
Par ailleurs, leur mémoire n’était pas la seule impactée. L’équipe a remarqué un déclin cognitif équivalent à une perte de trois points de quotient intellectuel (QI) chez des personnes ayant contracté une forme légère de la Covid-19. De plus, plus la forme était grave, plus la perte de points était importante. Ainsi les patients qui avaient encore des symptômes comme un essoufflement ou une fatigue chronique, avaient en moyenne 6 points de QI en moins. Ceux qui ont été admis en unité de soins intensifs, affichaient une perte de 9 points de QI. En outre, deux points de QI supplémentaires étaient perdus en cas d'une nouvelle contamination.
"D’après les chiffres à ma disposition, un décalage de trois points vers le bas du QI ferait passer le nombre d’adultes américains ayant un QI inférieur à 70 de 4,7 millions à 7,5 millions. Autrement dit, le nombre d’adultes présentant un niveau de déficience cognitive considéré comme nécessitant un soutien sociétal significatif pourrait augmenter de 2,8 millions", précise le chercheur dans son article.Le SARS-CoV-2 laisse des traces dans le cerveau
Au-delà de la perte de QI, le chercheur a répertorié d’autres complications cognitives et cérébrales observées chez les personnes infectées par la Covid-19 depuis le début de la pandémie. Une étude a par exemple mis en évidence que les personnes ayant eu une forme légère à modéré de la Covid-19 présentaient une inflammation cérébrale prolongée. De plus, les modifications cognitives observées correspondaient à 7 ans de vieillissement cérébral. Pour les formes sévères et graves, les dommages cérébraux étaient l’équivalent d’un vieillissement de 20 ans.
Des traces du passage du SARS-CoV-2 étaient aussi directement visibles sur le cerveau. Des études d’imagerie réalisées avant et après l’infection par le virus montraient une réduction du volume cérébral et une altération de la structure du cerveau après la maladie. D’autres travaux ont également montré que la Covid-19 peut perturber la barrière hématoencéphalique (barrière qui protège le système nerveux central).
"Des autopsies de personnes ayant subi une forme sévère de la Covid-19, mais décédées plus tard d’une autre cause ont démontré que le virus était encore présent dans le tissu cérébral, et ce, des mois après l’infection. Cela prouve que le SARS-CoV-2 n’est pas seulement un virus respiratoire. Loin de s’attaquer seulement au tractus respiratoire, il peut aussi pénétrer dans d’autres organes, dont le cerveau chez certains individus", précise l’auteur.Pour lui, l’ensemble de ses travaux confirme que la Covid-19 “constitue un sérieux risque pour la santé cérébrale, y compris lorsque la maladie se présente sous une forme légère”. Ces éléments soulignent que l’identification des risques de l’infection sur les performances cognitives.
"Mieux comprendre comment cette situation pourrait affecter les résultats scolaires des enfants et des jeunes, ainsi que la productivité économique des adultes en âge de travailler, sera également primordial. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que l’épidémiologie de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies menant à la démence pourraient être affecté, bien que l’on ignore encore dans quelles mesures", conclut l’expert.