Santé

Le lait, boisson saine ou poison blanc ?

Longtemps recommandé, le lait est de plus en plus critiqué depuis quelques années. Intolérance, cancer, acné… Cette inquiétude au sujet de ses conséquences sur la santé est-elle justifiée ?  

  • Par Rafaël Andraud
  • Pridannikov/iStock
  • 12 Sep 2022
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    Les produits laitiers sont-ils encore nos amis pour la vie ? Au cours des dix dernières années, le lait est devenu très controversé. Certains disent que c’est une boisson très nutritive essentielle pour une bonne santé, d’autres répondent que c’est un poison qui augmente les risques d’avoir un cancer. Alors, qui a raison ?

    Ses bienfaits reconnus

    Le lait est, en effet, une boisson très nutritive. Riche en graisses, minéraux et en lactose (le sucre du lait), il est aussi source de calcium et de phosphore. 100 ml couvrent plus de 10 % de l’apport nutritionnel conseillé par jour pour un adulte en calcium et phosphore, essentiel à la minéralisation des os et des dents, ainsi qu’à la régénérescence des tissus. Il contient aussi des vitamines B12, B2, B3 ou PP, B5, A, C et D. Enfin, il offre un bon apport en protéines, dont la valeur est comparable à celles de la viande. Tout cela en fait un aliment particulièrement complet qui subvient à de nombreux besoins du corps et aide l’enfant à bien grandir.

    Beaucoup d’études ont pu vanter certains de ses bienfaits. Par exemple, la graisse du lait serait associée à une réduction des risques de diabète ou à des effets bénéfiques sur le cœur. Et une dose quotidienne de 700 milligrammes de calcium contribuerait à abaisser le risque de cancer du côlon (gros intestin). Quant aux os, si on prend les études dans leur globalité, l’effet de la consommation de lait sur la santé osseuse est neutre mais les produits laitiers fermentés peuvent prévenir le risque de fracture. C’est pourquoi le site de Santé Public France Mangerbouger.fr recommande de consommer 2 produits laitiers par jour (un produit laitier = une dose de 100 à 150 ml de lait) pour l’adulte.

    Son côté obscur

    D’un autre côté, de nombreuses études ont aussi alerté sur de potentiels risques associés à la consommation régulière de lait. Notamment vis-à-vis du cancer. Par exemple, les hommes qui consommeraient souvent des produits laitiers (lait, yaourts ou fromage) seraient plus susceptibles de développer un cancer de la prostate en comparaison de ceux qui n’en mangent pas. C’est pourquoi, il vaut mieux limiter sa consommation de lait au quotidien. D’autant que c’est un aliment très gras dont les calories additionnelles peuvent contribuer au surpoids si l’on boit beaucoup de lait en plus des repas.

    Le lait écrémé est moins gras, mais il augmenterait le risque de développer de l’acné. Et il ne réduirait pas forcément la prise de poids : des chercheurs de l'université de Virginie ont découvert que les enfants qui buvaient du lait écrémé ou à 1 % de matières grasses avaient pris plus de poids que ceux qui buvaient du lait entier ou à 2 % de matières grasses. De plus, le lait de vache est l’un des aliments les plus fréquemment impliqués dans les allergies alimentaires chez les jeunes enfants : c'est pourquoi il est déconseillé aux enfants de moins d’un an. Surtout, de nombreuses personnes sont intolérantes au lactose : 2 % à 15 % des Nord-Européens et 65 % de la population mondiale. Dans ce cas, la consommation de lait doit être évitée afin de ne pas s’exposer à divers symptômes digestifs : excès de gaz, gargouillis, sensation de ballonnements, crampes et douleurs abdominales, diarrhée.

    Le lait, ce n'est pas tout blanc ou tout noir

    En résumé, il est difficile de s’y retrouver parmi toutes les études sur le sujet, entre celles commandées par des industriels du lait qui tendent généralement à valoriser sa consommation et celles qui doivent être encore approfondies pour appuyer leurs résultats. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas obligatoire de boire du lait pour être en bonne santé quand ses apports nutritifs sont compensés par d’autres aliments (les sardines sont très riches en calcium et en phosphore par exemple, et on retrouve du calcium dans plusieurs légumes verts comme les épinards ou encore dans le tofu).

    D’autant qu’en-dehors de la santé, la consommation de lait a une empreinte carbone plus élevée que ses alternatives (1,63 kg d’équivalent CO2 dans l’atmosphère par litre de lait entier produit) et l’industrie du lait est à l’origine de souffrances animales. Néanmoins, pour ceux qui ne sont pas intolérants au lactose, une consommation modérée ne présente que de très faibles risques pour la santé, risques qui ne font d’ailleurs pas entièrement consensus dans la communauté scientifique.

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