Cancer pédiatrique
Neuroblastome : un médicament ciblant les modifications de l’ARN est prometteur
Dans une étude sur des souris, une molécule médicamenteuse est efficace pour bloquer la croissance de la tumeur, dans le cas d’un neuroblastome.
C’est un cancer agressif qui touche les enfants. Le neuroblastome à haut risque concerne 75 jeunes chaque année en France. Il est caractérisé par le développement de cellules nerveuses en dehors du cerveau. "Le pronostic est sombre, prévient le Dr Gudrun Schleiermacher, oncopédiatre et chercheuse à l’Institut Curie, dans un article. À peine la moitié des enfants vivent au-delà de cinq ans après le diagnostic, malgré des traitements par chimiothérapie, parfois à hautes doses, la chirurgie, des radiothérapies et l’immunothérapie." Une nouvelle étude, parue dans Cell Reports, apporte de meilleures perspectives. Ses auteurs ont découvert qu’un médicament pouvait bloquer la croissance de la tumeur, dans une étude menée sur des souris.
Les chercheurs, des scientifiques de l’université de Chicago, aux États-Unis, ont travaillé sur les modifications de l’ARN, liées à la maladie. "Parfois, des molécules sont ajoutées aux bases d’ADN et aux transcrits d’ARN, affectant la manière dont les gènes sont exprimés ou comment ils sont traduits en protéines, expliquent les auteurs dans un communiqué. Ces modifications de l'ADN et de l'ARN agissent comme des commutateurs moléculaires, déterminant si un gène est activé ou désactivé, influençant ainsi les processus cellulaires, le développement des tissus et la progression de la maladie." Ils se sont intéressés à ces mécanismes dans le cadre du neuroblastome à haut risque.
Bloquer des protéines pour empêcher le développement du neuroblastome
L’équipe est partie d’un constat : des niveaux élevés de METTL3 et METTL1, des protéines, sont à l'origine de la croissance de nombreux cancers chez l’adulte. Quels sont leurs effets sur le neuroblastome ? Les analyses réalisées montrent que des niveaux élevés d'expression de METTL3 dans les tumeurs du neuroblastome étaient associés à une survie significativement inférieure. "Cela suggère que METTL3 pourrait stimuler la croissance tumorale", considèrent les auteurs.
Dans une autre partie de leur essai, ils ont essayé de comprendre, en détail, comment cette protéine affecte le neuroblastome, en utilisant une version génétiquement modifiée de cellules de neuroblastome. Dans certaines cellules, l’expression de la protéine a été inhibée ou réduite, de manière artificielle. Dans d’autres, les chercheurs ont testé un inhibiteur appelé STM2457 : il est capable de bloquer METTL3.
Neuroblastome : une stratégie prometteuse pour bloquer la croissance de la tumeur
"Les deux approches ont diminué la croissance des cellules du neuroblastome", concluent-ils. Dans le test sur des souris, l’inhibiteur a aussi réduit la croissance tumorale. "Le neuroblastome à haut risque reste très difficile à guérir avec les approches actuelles, et les survivants courent un risque élevé de toxicités liées au traitement, notamment de graves problèmes de santé chroniques et de cancers secondaires, souligne Susan Cohn, professeure de pédiatrie et autrice principale de l’étude. (…) Si de futures études valident nos résultats, cette stratégie pourrait transformer notre approche du traitement des patients atteints de neuroblastome."