Invention
Greffe rénale : un implant peut détecter précocement les rejets
Un dispositif électronique permet de détecter les signes avant-coureurs de rejet d'une greffe du rein jusqu'à trois semaines plus tôt que les méthodes actuelles.
En 2022, 3.376 greffes rénales ont été réalisées, dont 511 à partir de donneurs vivants. Si la transplantation permet de sauver de nombreux patients, certaines malheureusement aboutissent à un rejet du rein greffé.
Pour lutter contre la complication, des chercheurs de l'Université Northwestern ont développé un dispositif électronique qui permet de surveiller en permanence la santé des organes transplantés en temps réel.
Greffe d'un rein : l'implant n'est pas plus gros qu'un cheveu
Ce dispositif, présenté dans la revue Science le 7 septembre, fait seulement 0,3 centimètre de large pour 0,7 centimètre de long et 220 microns d’épaisseur. Il est ainsi plus petit qu'un ongle et de la largeur d'un cheveu.
Directement placé sur le rein transplanté, ce capteur contient un thermomètre très sensible capable de détecter des variations de température de l'organe extrêmement légères, jusqu'à 0,004 degré Celsius. L'implant peut ainsi détecter les irrégularités de température associées à une inflammation et à d'autres réponses corporelles qui surviennent en cas de rejet de la greffe.
S'il remarque un élément inquiétant, l'appareil alerte le patient ou le médecin en transmettant les données vers un smartphone ou une tablette à proximité.
Les signes de rejet détectés jusqu'à 3 semaines plus tôt
L'implant électronique a pour le moment été testé sur des animaux greffés de petite taille. Les résultats sont prometteurs. Le dispositif était capable de repérer les signes avant-coureurs de rejet jusqu'à trois semaines plus tôt que les méthodes de surveillance actuelles comme l'analyse sanguine ou la biopsie.
"Ce délai supplémentaire pourrait permettre aux médecins d'intervenir plus tôt, améliorant ainsi les résultats et le bien-être des patients, ainsi que les chances de conserver les organes donnés, qui sont de plus en plus précieux en raison de la demande croissante dans un contexte de crise de pénurie d'organes", explique l'équipe de recherche dans son communiqué.
"Si le rejet est détecté tôt, les médecins peuvent administrer des thérapies anti-rejet pour améliorer la santé du patient et l'empêcher de perdre l'organe donné", précise John A. Rogers, expert de la bioélectronique qui a dirigé le développement de l'appareil.
Bien que les essais aient été menés sur des greffes de rein, les scientifiques estiment que leur implant pourrait également fonctionner pour d'autres greffes d'organes, notamment le foie et les poumons.
Un implant qui pourrait rassurer les greffés
Pour les chercheurs, l'appareil pourrait également améliorer la qualité de vie et le bien-être des personnes greffées. "J'ai remarqué que beaucoup de mes patients ressentent une anxiété constante, ne sachant pas si leur corps rejette ou non l'organe transplanté", confie le Dr Lorenzo Gallon, néphrologue spécialisé en transplantation chez Northwestern Medicine. "Ils ont parfois attendu des années pour un greffon ont et finalement en ont reçu un d'un proche ou d'un donneur décédé. Ensuite, ils passent le reste de leur vie à s’inquiéter de la santé de cet organe. Notre nouvel appareil pourrait offrir une certaine protection, et une surveillance continue pourrait apporter réassurance et tranquillité d’esprit". Les scientifiques prévoient de continuer leurs tests avec des animaux plus gros et d'améliorer les performances de l'appareil.