Neurologie
AIT : un facteur de risque autonome du déclin cognitif
La survenue d’un accident ischémique transitoire semble être, à elle seule, un facteur de risque de déclin cognitif quels que soient les facteurs de risque cardiovasculaires et démographiques associés.
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- peakSTOCK/iStock
De nombreuses études vont dans le sens d’une réduction des fonctions cognitives après un accident ischémique transitoire (AIT). Mais ce phénomène est-il directement lié à l’AIT, à des facteurs de risque cardiovasculaires (FdR) préexistants ou à un déclin cognitif antérieur ?
En tenant compte et en contrôlant les facteurs de risque cardiovasculaires et démographiques, des chercheurs américains ont mis en évidence que l’AIT, même avec une imagerie négative, est en lui-même un facteur de risque de déclin cognitif.
Une analyse de données issues de l’étude REGARDS
L’étude de cohorte longitudinale est une analyse de l’étude de grande ampleur REGARDS (Reasons for Geographic and Racial Differences in Stroke) qui a suivi 30 239 participants « noirs » et « blancs » ayant présenté des événements cérébrovasculaires. L’analyse a consisté en une évaluation de l’évolution cognitive, par téléphone, de 356 patients ayant présenté un 1er AIT, 965 personnes ayant eu un 1er AVC et 14 882 témoins asymptomatiques. Elle a été effectuée indépendamment des facteurs de risque vasculaires et démographiques.
Les 356 patients avaient un âge moyen de 66,6 ans et comptaient 188 femmes (53 %). Parmis les 965 personnes ayant subi un premier AVC étaient répertoriés 494 hommes (51 %) d’âge moyen de 66,8 ans. Dans le groupe de contrôle asymptomatique, étaient inclus 14 882 personnes (âge moyen 63,2 ans ; 8439 femmes (57%).
La neuro-imagerie a été utilisée pour cette évaluation. La fluidité verbale et la mémoire ont été étudiées 2 fois par an. Le critère principal était un score z (z-score) composite standardisé. Celui secondaire était les performances individuelles aux tests. Des modèles de régression segmentés ajustés ont caractérisé la cognition avant et après l'événement et le changement cognitif annuel.
Le déclin cognitif, un élément principal évaluer régulièrement
Le critère cognitif global avant l'événement était plus faible dans le groupe AVC (-0,25 ; IC à 95%, -0,32 à -0,17) que dans le groupe AIT (-0,05 ; IC à 95% : -0,17 à 0,07 ; P = 0,005) et dans le groupe asymptomatique (0 ; IC à 95%, -0,03 à 0,03 ; p < 0,001).
Après l'événement cérébrovasculaire, le critère cognitif du groupe ayant subi un AVC a diminué de manière significative (-0,14 ; IC à 95%, -0,21 à -0,07) par rapport à celui du groupe ayant présenté un AIT (0,01 ; IC à 95%, -0,10 à 0,12 ; p = 0,02) et des témoins (-0,03 ; IC à 95%, -0,05 à -0,01 ; p = 0,003).
Le déclin annuel après l’accident vasculaire était plus rapide (p = 0,001) dans le groupe avec AIT (-0,05 ; IC à 95%, -0,06 à -0,03) que chez les témoins asymptomatiques (-0,02 ; IC à 95%, -0,02 à -0,02). Mais il n’y avait pas de différence pour le groupe avec AVC (-0,04 ; IC à 95%, -0,05 à -0,03 ; p = 0,43). Pour les chercheurs, le déclin cognitif associé à l'AIT suggère la nécessité de réévaluer la prise en charge post-AIT et de dépister régulièrement les changements cognitifs.