Dans une étude « proof of concept », un anticorps monoclonal dirigé contre le polypeptide activateur de l'adénylate cyclase hypophysaire (PACAP) démontre sa capacité à réduire le nombre de crise de migraine en traitement de fond. Une nouvelle classe médicamenteuse à venir.

Le traitement de fond, ou traitement préventif, de la migraine est recommandé quand le traitement des crises n'est pas assez efficace ou doit être pris trop souvent ou provoque des effets secondaires importants. Cela peut aussi être le cas quand les crises sont trop invalidantes, ce qui concernerait environ un tiers des adultes.

Une étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, présente les résultats d'un essai clinique sur un nouvel anticorps monoclonal ciblant le polypeptide activateur de l'adénylate cyclase hypophysaire (PACAP).

Un essai randomisé en double aveugle

Les participants souffraient de migraines fréquentes, avec une moyenne de 16,7 jours de migraine par mois, documentés sur quatre semaines. Une perfusion de 750 mg de l'anticorps, administrée en 30 minutes, a réduit le nombre de jours de migraine de 6,2 jours par mois, contre 4,2 jours pour le placebo.

Aucun événement indésirable majeur n'a été signalé pendant les 12 semaines de suivi, bien que la taille et la durée de l'essai ne permettent pas d'évaluer pleinement la sécurité du traitement.

Un anticorps contre un polypeptide vasodilatateur

La PACAP est un polypeptide vasodilatateur largement répandu, impliqué dans de nombreux processus physiologiques. Il se lie à des récepteurs présents dans des zones du système nerveux central et, connues pour leur importance dans la physiopathologie de la migraine. Les perfusions de PACAP chez les personnes souffrant de migraine induisent un mal de tête retardé de type migraineux.

Une étude précoce portant sur un anticorps dirigé contre l'un des trois récepteurs auxquels se lie la PACAP n'a pas montré d'effet bénéfique. L'attention s'est portée sur le développement d'anticorps contre la PACAP elle-même, une stratégie validée par cet important essai de preuve de concept.

Nouvelle voie thérapeutique

Si ce traitement est finalement approuvé, il s'agira de la deuxième classe d’anticorps monoclonaux dans le traitement de fond la prévention de la migraine. Bien que la prudence soit de mise lors de la comparaison des résultats entre les essais, la modeste différence entre les groupes de 2 jours de migraine par mois observée dans l'essai actuel est similaire aux résultats des essais sur les anticorps dirigés contre le peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP) ou son récepteur mais inférieure à la différence observée avec certains traitements préventifs de la migraine sans anticorps établis, tels que la toxine onabotulique A ou le topiramate.

Une moyenne de 2 jours de migraine en moins par mois peut sembler peu, mais sur une année, cela représente près d'un mois de meilleure qualité de vie. L'efficacité partielle est la règle pour les traitements préventifs de la migraine, et ce nouvel anticorps monoclonal ne fait pas exception. Cette réalité frustrante reflète probablement l'hétérogénéité des causes sous-jacentes de la migraine, qui ne sont pas entièrement comprises.

Un traitement au-delà des seuls patients en échec de traitement

Dans un éditorial associé, il est dit que même si un nouvel anticorps anti-PACAP n'est pas plus efficace que les traitements existants, son arrivée reste précieuse. Ce nouvel anticorps, même s'il n'est pas plus efficace que les traitements actuels, offre une nouvelle option thérapeutique. Il pourrait aider les patients en particulier qui ne répondent pas aux traitements existants.

Toutefois, il reste à vérifier sa sécurité à long terme, notamment sur les risques cérébro-vasculaires et cardiovasculaires, et sur ses effets en association avec d'autres traitements anti-migraineux ou au cours de la grossesse.