Rhumatologie
Périostite tibiale : un entraînement à la marche en plein air pour soulager les douleurs
Le syndrome de stress tibial médial (SSTM), communément appelé « périostite tibiale », est une pathologie fréquente touchant environ 40 % des coureurs, tous niveaux confondus. Ce syndrome, lié à la surutilisation, entraîne des douleurs chroniques de périostite, et d’autres structures osseuses et tendineuses, qui compromettent la pratique de la course à pied. Un entraînement à la marche en extérieur permettrait d'améliorer la douleur.
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Le syndrome de stress tibial médial (SSTM), qui recouvre la périostite tibiale, les fractures de fatigues et les tendinites, représente une problématique majeure dans la communauté des coureurs, avec une prévalence d'environ 40 % selon Hollander et al. (2018) et Kerr et al. (2016). Les symptômes chroniques associés au SSTM impactent négativement la pratique de la course, soulignant la nécessité de comprendre et d'aborder les facteurs contribuant à l'exacerbation de cette pathologie.
Les coureurs qui ont des pics d'impact verticaux accrus, des taux de charge moyens élevés, des longueurs de foulée plus longues et une cadence réduite seraient plus à risque de développer un SSTM (Davis et al., 2016 ; Schubert et al., 2014). Cependant, ces déviations biomécaniques sont principalement observées lors d'évaluations sur tapis roulant chez des coureurs ayant des antécédents de SSTM, ce qui peut ne pas refléter les déviations biomécaniques en condition de course sur surfaces naturelles chez les patients symptomatiques.
Une évaluation de l’efficacité du réentraînement à la marche en extérieur
Des recherches récentes ont montré que les patients atteints de SSTM passeraient plus de temps en contact avec le sol pendant la course en extérieur, ce qui a conduit à des interventions de rééducation visant à réduire ce temps de contact (DeJong Lempke et al., 2021 ; Koldenhoven et al., 2020). Une approche de rééducation en extérieur a démontré une réduction du temps de contact au sol de 8,2% et une amélioration de la douleur de 36 mm sur l'échelle visuelle analogique (VAS) (DeJong Lempke et al., 2022). Cependant, il n’était pas certain que ces modifications biomécaniques puissent aboutir à une réduction du risque de blessure et si elles sont réalisées lors de la course sur tapis roulant.
L'objectif de l'étude sur 17 coureurs, du Journal of Biomechanics, était d'évaluer l'influence d'une intervention par entraînement à la marche en extérieur de 4 semaines avec des exercices à domicile (FBHE) sur la biomécanique de la course sur tapis roulant et la force des membres inférieurs par rapport à des exercices à domicile seuls (HE) chez des coureurs souffrant de SSTM. Les deux groupes ont effectué huit séances d'exercices à domicile en 4 semaines.
Au cours de l'entraînement à la marche, les participants ont reçu un « retour vibrotactile », c'est-à-dire qu'ils ressentaient une petite vibration lorsque des capteurs spéciaux dans leurs chaussures détectaient que leurs pieds étaient en contact avec le sol pendant trop longtemps. Cela permettrait d’améliorer leur foulée et leur démarche afin de réduire les douleurs tibiales.
Une réduction du temps de contact et une amélioration de la douleur
Le groupe FBHE a démontré une diminution significative du temps de contact à 4 semaines par rapport à la ligne de base et au groupe HE (différence moyenne [MD] : -42 ms ; -39 ms ; p-range : p<0,001-0,02). Le groupe FBHE avait une cadence significativement plus élevée (MD : +21 pas/min ; p = 0.003) et une impulsion de charge réduite (MD : -51, p < 0.001) pendant la course sur tapis roulant à 4 semaines par rapport au groupe HE. La force n'était pas significativement différente après ajustement pour les comparaisons multiples (p > 0,007).
L'entraînement en extérieur reflète plus favorablement les conditions de course que celles sur tapis roulant, avec une diminution du temps de contact, une augmentation de la cadence et une réduction de l'impulsion de charge. Ces ajustements biomécaniques sont des cibles clés pour la gestion de la périostite et du SSTM, soulignant l'importance d'une intervention flexible adaptée aux environnements naturels de course pour une rééducation efficace.
En pratique
L'entraînement à la marche en extérieur visant à réduire le temps de contact au sol représente une approche prometteuse pour améliorer les résultats des patients atteints de périostite et de syndrome de stress tibial médial.
Cette méthode pourrait être intégrée dans les protocoles de rééducation des coureurs pour favoriser des ajustements biomécaniques bénéfiques et réduire les symptômes chroniques liés au SSTM.