Etude sur 350 000 naissances
Prématurité : la dépression des parents augmente le risque
Les symptômes dépressifs d’un futur père ou d’une future mère sont associés à un risque accru de naissance prématurée, voire très prématurée.
La dépression est à prendre au sérieux lors d’une grossesse. D’après une large étude suédoise – qui a suivi 350 000 naissances sur 5 ans – cette maladie psychiatrique est associée à un risque accru de prématurité, quand la mère est touchée, mais aussi quand il s'agit du père. Les conclusions sont détaillées dans la revue BJOG : an International Journal of Obsetrics and Gynaecology.
Risque accru de 30 à 40 %
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont retenu les cas de dépression survenus dans l’année précédant la conception jusqu’à la fin du 2e trimestre de grossesse. Les symptômes étaient avérés si le père ou la mère avait reçu un traitement antidépresseur, ou des soins à l’hôpital.
La souffrance de la mère est celle qui affecte le plus le fœtus. Que la dépression soit récurrente ou non, le risque de prématurité est augmenté de 30 à 40 %. Mais la détresse du père entre elle aussi en ligne de compte. Aucun impact n’est observé sur la prématurité – c’est-à-dire un accouchement entre 32 et 36 semaines. En revanche, le risque de grande prématurité (22-31 semaines) grimpe de 38 %.
Stress, modifications épigénétiques
Plusieurs explications peuvent être avancées, selon les chercheurs. Tout d’abord, le mal-être du géniteur peut provoquer un stress intense chez la femme enceinte. Un paramètre est associé à davantage de prématurités.
« Nous savons aussi que la dépression paternelle affecte la qualité du sperme, induit des effets épigénétiques sur l’ADN du bébé et peut aussi affecter le fonctionnement du placenta, explique le Pr Anders Hjern, auteur de cette étude. Cependant, ce risque semble réduit dans le cas de dépressions récurrentes, ce qui souligne que la prise en charge de cette maladie réduit le risque. » En effet aucune association n'a été retrouvée entre la prématurité et la dépression paternelle, lorsque celle-ci était chronique.
Tout symptôme dépressif doit faire l’objet d’une prise en charge, concluent les auteurs. « Les parents devraient bénéficier d’un dépistage des troubles mentaux », estime le Pr Hjern. Le chercheur propose même une approche proactive qui cible les hommes – qui font moins souvent la démarche de consulter un spécialiste. Les femmes ne doivent pas non plus être oubliées : 12 à 20 % d’entre elles souffrent d’anxiété ou de dépression au cours de la grossesse.