Hôpital
Erreur médicale : une pince de 20 centimètres oubliée dans son abdomen
Deux ans et demi après son opération, durant lequel le chirurgien a oublié une pince chirurgicale de 20 centimètres dans son ventre, un patient marseillais souffre encore des répercussions psychologiques et physiques.

- Par Geneviève Andrianaly
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En 2022, Gérard a été admis, le jour de son soixante-sixième anniversaire, dans l’hôpital privé Vert Coteau, dans le 12ème arrondissement de Marseille. Selon nos confrères de La Provence, le patient devait subir une vésiculo-prostatectomie radicale avec curage ganglionnaire. Cette opération consiste à retirer la prostate avec les vésicules séminales et rétablir la continuité urinaire entre la vessie et le conduit urétral. Dans son cas, la chirurgie était assistée par robot, mais il "serait tombé en panne. Du moins, c’est ce qu’on m’a dit", a déclaré le Marseillais au quotidien. "Faute de quoi, le chirurgien aurait pris la main et accidentellement coupé une veine. Gérard a perdu deux litres de sang", a ajouté sa compagne, Françoise. Le sexagénaire a été transféré en service de réanimation, puis en soins intensifs. "On m’a shooté à la morphine pendant quatre jours, à des doses tellement fortes que je devenais fou." Une fois son état stable, le patient a pu rentrer chez lui, mais rapidement, il a présenté des symptômes inquiétants, notamment une fièvre élevée. "Il se plaignait de douleurs intenses, on lui disait que c’était normal, le temps de la cicatrisation", a expliqué, à ici Provence (ex France Bleu), Maître Michael Zerbib, avocat de la victime. Environ un mois après l’opération, Gérard a été transporté aux urgences où il a fait un scanner qui a révélé "une pince de plus de 20 cm dans l’abdomen. L’instrument a perforé plusieurs organes." En raison des nombreux dommages causés par le corps étranger, le Marseillais a dû, par la suite, se faire opérer à plusieurs reprises. "J’ai failli mourir plusieurs fois", a-t-il confié à ici Provence. Bien qu’aujourd’hui, le patient se sente mieux, il souffre encore des séquelles physiques et psychologiques de cette erreur médicale et vit avec un abdomen difforme. "Je ne veux pas qu’on voie ça", a-t-il déclaré à La Dépêche. Il a précisé, à Midi Libre, que "même quand je me vois dans la glace en sortant de la douche, c’est insupportable.""Une pince de plus de 20 cm dans l’abdomen a perforé plusieurs organes"
Des "protocoles précis" qui "n’ont pas été respectés"
"Il est rentré pour une opération bénigne qui s’est transformée en cauchemar. (…) Il y a des protocoles précis. Tout doit être compté avant la fin d’une intervention. Là, ces règles n’ont pas été respectées. (…) Il n’y a eu ni excuse officielle, ni contact humain. Ce silence a accentué son sentiment d’abandon", a souligné Maître Michael Zerbib, qui prévoit des poursuites disciplinaires et souhaite également faire reconnaître sa compagne comme "victime collatérale." Gérard "veut surtout que son cas serve d’exemple. Ce n’est pas un combat contre les soignants, mais un appel à plus d’humanité dans la médecine." Pour l’heure, l’hôpital n’a pas réagi.