Neurologie

Pourquoi les pesticides sont une menace pour le cerveau des enfants

L’Anses alerte sur les dangers de certains pesticides, associés à des troubles du développement neurologique chez les enfants exposés in utero, mais pas seulement.

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  • 24 Avr 2025
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    Lymphomes, leucémies, troubles du neurodéveloppement et du spectre autistique chez les enfants, impact sur les capacités cognitives… L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) tire la sonnette d'alarme, dans une analyse publiée ce jeudi 24 avril, sur les effets nocifs de certains pesticides largement utilisés en agriculture. Elle pointe en particulier des risques sévères pour le développement neurologique des très jeunes enfants, ainsi que des cas de leucémie chez les professionnels exposés.

    Des signaux sanitaires jugés alarmants

    Cette alerte s'appuie sur un vaste travail scientifique réalisé avec le concours de l'Inserm, dont l'expertise sur les liens entre pesticides et santé humaine a été actualisée en 2021. Les experts ont détecté quatre signaux sanitaires majeurs, liés notamment aux pyréthrinoïdes et aux organophosphorés, des substances chimiques présentes dans les insecticides, les produits biocides et même certains médicaments vétérinaires.

    Premier signal, c’est-à-dire une situation de "menace pour la santé humaine […] nécessitant une réponse adaptée pour la prévenir" : les pyréthrinoïdes utilisés pendant la grossesse et la petite enfance seraient responsables de troubles du comportement et d'une altération du neurodéveloppement. "Des troubles du comportement chez les enfants de mères exposées pendant la grossesse ont été mis au jour, suscitant des préoccupations importantes et croissantes", alertent les experts.

    Neurotoxicité, leucémies et effets sur la fertilité

    Deuxième signal, l'exposition in utero aux organophosphorés pourrait entraîner une "altération des capacités motrices, cognitives et des fonctions sensorielles chez l'enfant". Chez l'adulte, les mêmes substances sont liées à des "troubles cognitifs" ainsi qu'à des cas de leucémie, notamment en milieu professionnel. Le malathion, un organophosphoré, est spécifiquement mis en cause.

    Autre point d'inquiétude : la deltaméthrine, une molécule de la famille des pyréthrinoïdes, est "associée à un risque accru de leucémie" chez les travailleurs agricoles. Même si le niveau de présomption reste "moyen", le danger est pris au sérieux par les autorités. Par ailleurs, "des atteintes spermatiques ont également été identifiées dans la population générale, toutes sources d'exposition confondues", indique l'Anses, bien que le niveau de preuve soit plus faible.

    Des substances encore trop largement utilisées

    Malgré ces alertes, l'usage de ces pesticides reste très répandu. "L'utilisation de ces substances insecticides est encore très importante, aussi bien pour des usages professionnels agricoles que pour des usages biocides professionnels et amateurs." Mais ce rapport pourrait bien relancer le débat sur les normes d'homologation des pesticides, ainsi que sur les mesures de précaution à adopter pour protéger les populations les plus vulnérables, à commencer par les femmes enceintes et les enfants en bas âge.

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    JDF

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