Epidémie
Chikungunya à La Réunion : le bilan passe à neuf morts
L’épidémie de chikungunya sur l’île de La Réunion reste préoccupante avec plus de 39.000 cas confirmés et désormais neuf décès enregistrés chez des personnes âgées souffrant de comorbidités.

- Par Stanislas Deve
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Le virus du chikungunya continue de circuler activement à La Réunion. Selon le dernier bulletin de Santé publique France, trois nouveaux morts "liés" à la maladie ont été enregistrés, portant à neuf le nombre de décès depuis le début de l'année, tous survenus chez des personnes âgées de plus de 70 ans présentant des comorbidités. Et neuf autres décès, dont un néonatal, font toujours l'objet d'une investigation.
Une circulation virale encore intense
D’après l’agence sanitaire, plus de 39.000 cas confirmés ont été recensés depuis janvier 2025. Si l'agence constate une "stabilisation à un haut niveau de transmission", l'évolution reste contrastée : le nombre de passages aux urgences a augmenté de 21 % en une semaine (7 au 13 avril), mais les cas confirmés semblent diminuer, passant de 6.237 à 4.304 sur cette même semaine. Une baisse à interpréter avec prudence, prévient l'agence, estimant que ce nombre pourrait être plus élevé.
La maladie, qui provoque des douleurs articulaires intenses, des fortes fièvres et des maux de tête, touche en priorité les populations fragiles. Sur les 47 cas graves signalés, 27 concernaient des adultes de plus de 65 ans, trois des personnes avec comorbidités, et 17 des nourrissons de moins de trois mois. Au total, 261 hospitalisations prolongées ont été recensées, dont la moitié chez les plus de 65 ans et un quart chez les bébés de moins de six mois.
Vaccination : un démarrage timide
Le sud de l'île, notamment la commune du Tampon, reste l'épicentre de l'épidémie. Celle-ci évolue toutefois différemment selon les zones géographiques : si le CHU Sud observe une stabilisation, les antennes nord, est et ouest enregistrent une hausse marquée des passages aux urgences, allant jusqu'à +40 % au CHU Nord. Face à la saturation, le plan blanc a été déclenché début avril et des renforts médicaux ont été demandés par le directeur général du CHU, Lionel Calenge.
En l'absence de traitement spécifique, la vaccination est la seule arme préventive contre cette maladie transmise par le moustique tigre. Mais la campagne d'immunisation, lancée début avril, peine à décoller : sur les 40.000 doses du vaccin Ixchiq reçues, seules 3.000 ont été administrées. "La campagne démarre timidement", a reconnu le directeur de l'Agence régionale de santé de La Réunion, Gérard Cotellon. Pourtant, selon le ministre de la Santé Yannick Neuder, "autour de 120.000 personnes pourraient avoir été contaminées" depuis le début de l'épidémie.