Virus

Chikungunya à La Réunion : une épidémie en pleine expansion

La propagation du virus du chikungunya s’intensifie à La Réunion, avec plus de 4.000 nouveaux cas en une semaine. Un pic épidémique est prévu fin avril.

  • frank600 / istock
  • 27 Mar 2025
  • A A

    Désormais "généralisée sur tout le territoire", l'épidémie de chikungunya se propage à grande vitesse à La Réunion. Les autorités sanitaires de l'île ont recensé 4.156 nouveaux cas entre le 10 et le 16 mars, soit une hausse inquiétante de 16 % par rapport à la semaine précédente, selon un communiqué conjoint de la préfecture et de l'Agence régionale de santé (ARS). Au total, depuis le début de l'épidémie en août 2024, pas moins de 13.594 cas ont été signalés.

    Un bilan sanitaire sous-estimé ?

    Le chikungunya, maladie virale transmise par le moustique tigre, provoque de fortes fièvres, des douleurs articulaires intenses et peut entraîner des complications graves. "À ce jour, 15 cas graves ont été signalés, dont huit adultes et sept nouveau-nés", précise le communiqué. Par ailleurs, l'activité dans les services d'urgence est en forte hausse, passant de 78 passages à 128 en une semaine. Les autorités sanitaires ont par ailleurs annoncé, le 21 mars, les premiers décès liés à la maladie – deux personnes âgées de 86 et 96 ans, dont l'une présentait des comorbidités. Ces décès rappellent la vulnérabilité des populations fragiles face au virus.

    Les chiffres de l'épidémie pourraient bien être sous-estimés, selon le professeur Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’Agence Régionale de Santé de La Réunion. "On sait que lorsqu’il y a un cas confirmé, on peut avoir deux, trois, voire quatre fois plus de cas déclarés en réalité [...] Tout le monde ne va pas voir son médecin, même en étant malade, et la prescription d’un bilan biologique n’est pas automatique. On a 13.500 cas confirmés, mais en réalité on a peut-être 27.000 cas ou presque 40 ou 50.000 cas sur l’île."

    Face à cette situation critique, le groupe pharmaceutique franco-autrichien Valneva a annoncé qu'il fournirait 40.000 doses de son vaccin Ixchiq à compter d'avril. Ces doses seront "prises en charge par les autorités" sanitaires, assurent les responsables. La Haute Autorité de Santé recommande une vaccination prioritaire des personnes de plus de 65 ans et des adultes atteints de comorbidités (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires...), ainsi que des agents de lutte antimoustique.

    Une vigilance renforcée pour les prochaines semaines

    Si l'épidémie actuelle de chikungunya reste moins grave que celle de 2005-2006, qui avait touché 260.000 personnes et causé 225 décès, la propagation du virus reste préoccupante. Patrick Mavingui, infectiologue au CNRS à La Réunion, prévoit "un pic fin avril" et alerte sur "une dynamique forte de transmission d'ici là".

    Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a de son côté reconnu devant la délégation aux Outre-mer de l'Assemblée nationale que "nous arrivons à un niveau épidémique qui appelle à la vigilance et à l'action". Il se rendra sur l'île début avril pour évaluer la situation et coordonner les mesures de lutte contre l'épidémie.

    En attendant, la population est appelée à intensifier les gestes de prévention, notamment l'élimination des eaux stagnantes, le port de vêtements longs et l'utilisation de répulsifs antimoustiques.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----