Génétique

Cancer : serait-il possible de désactiver certains gènes avant la naissance ?

Après la fécondation, les gènes des embryons de souris sont activés dans un ordre prédéfini et les déclencheurs responsables sont liés au cancer.

  • Par Geneviève Andrianaly
  • Rost-9D/iStock
  • 07 Fév 2023
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    Lorsqu'un ovule et un spermatozoïde fusionnent, un embryon peut se former. En cas de fécondation, la transcription du message génétique dans des molécules d'ADN est "silencieuse". D'une manière ou d'une autre, à un stade précoce du développement, les gènes de l'embryon doivent être activés grâce à un "interrupteur" vital. Sans celui-ci, aucun d'entre nous ne serait présent sur Terre. Pourtant, on sait peu de choses sur l'aspect de cet interrupteur ou sur l'identité du "doigt moléculaire" qui l'actionne.

    Chez les souris, l'expression génétique embryonnaire débute dans les 4 h après la fécondation

    Afin d’approfondir leurs connaissances sur le sujet, des embryologistes de l’université de Bath (Angleterre) ont réalisé une étude publiée dans la revue Cell Reports. Ils ont examiné l’activation du génome, soit l’ensemble des chromosomes et des gènes, dans des embryons de souris. Pour mener à bien les travaux, l’équipe a combiné une méthode de pointe pour injecter des spermatozoïdes dans des ovules avec les dernières techniques de séquençage de l'ARN messager (ARNm).

    Cette approche a permis aux chercheurs d'identifier l'activité des gènes à des moments précis après la fécondation dans les nouveaux embryons. Selon les auteurs, l’expression génétique dans les embryons de souris démarre dans les quatre heures suivant l'injection des spermatozoïdes. Ils ont également découvert que les gènes ne sont pas activés au hasard, mais dans un ordre préétabli.

    "Il est fort possible que la carcinogenèse récapitule l'embryogenèse"

    Dans le cadre des recherches, les scientifiques ont réussi à prédire quels "doigts moléculaires" étaient responsables du début du développement embryonnaire. Les empreintes digitales de certains d'entre eux se trouvaient sur les gènes de l'embryon, ce qui a permis d'identifier les doigts coupables. Ce travail de détective leur a aussi permis de montrer que plusieurs des doigts étaient aussi associés au cancer.

    "On sait depuis longtemps que de nombreux facteurs responsables de l'apparition de l'activité génétique chez l'embryon sont des oncogènes majeurs. Il est fort possible que la carcinogenèse (soit le processus de formation d'un cancer) récapitule l'embryogenèse (à savoir le processus de développement de l'embryon)", a signalé Anthony Perry, auteur de l’étude, dans un communiqué.

    "Un nouveau chapitre clinique pour la détection précoce du cancer"

    En poursuivant leurs travaux, l’équipe a montré que les embryons avaient presque immédiatement cessé de se développer, lorsqu'elle a empêché les "doigts moléculaires" suspects de fonctionner en appliquant des inhibiteurs qui bloquent leur activité après la fécondation.

    Ensuite, les scientifiques sont allés plus loin, ils se sont concentrés sur un facteur associé au cancer, appelé "c-Myc . Ils ont constaté que sans activité de "c-Myc", de nombreux gènes n'étaient pas activés, ce qui indique que ce facteur est bien un doigt moléculaire qui active les gènes de l'embryon.

    Selon les embryologistes, cette étude nous éclaire non seulement sur les mécanismes qui régulent le début du développement des mammifères, mais plante également le décor pour les processus qui déclenchent le cancer. "Notre travail pourrait ouvrir un nouveau chapitre clinique pour la détection précoce du cancer", a conclu Anthony Perry.

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