Environnement
Comment la pollution augmente-t-elle le risque de mourir d'une maladie cardiovasculaire avant 65 ans ?
La pollution de l’air est associée à une augmentation du stress et de la dépression qui entraîne une hausse du risque de décès à cause d’une maladie cardiovasculaire avant 65 ans.
"L'air que nous respirons affecte notre bien-être mental, ce qui a, à son tour, un impact sur la santé cardiaque", prévient le Dr Shady Abohashem. Ce professeur de l’école de médecine d’Harvard aux États-Unis a dirigé une étude sur les effets de la pollution de l’air sur la santé mentale et le risque de décès prématuré. Elle a été présentée lors du dernier Congrès de la Société européenne de cardiologie, le 26 avril dernier à Athènes.
Comment analyser les effets de la pollution de l’air sur la santé mentale et cardio-vasculaire ?
Ces travaux de recherche se sont basés à 3.000 comtés américains, soit environ 315 millions d’habitants. Les chercheurs ont travaillé sur deux points principaux : le niveau d’exposition des participants à la pollution et l’état de santé de ceux-ci. Grâce à des données médicales récupérées dans les Centers for Disease Control, les autorités sanitaires américaines, les chercheurs ont pu comptabiliser le nombre de jours pendant lesquels les personnes ont connu des problèmes de santé mentale, comme le stress, la dépression ou les problèmes émotionnels. Les scientifiques ont classé les comtés en trois groupes à partir de ces chiffres, le premier groupe étant celui avec le nombre le plus important de jours avec un mauvais état de santé mentale. Par ailleurs, les chiffres indiquent que 1.079.656 participants sont décédés d'une maladie cardiovasculaire avant l'âge de 65 ans dans ce secteur, entre 2013 et 2019.
En parallèle, les chercheurs américains ont étudié les niveaux de pollution dans ces zones géographiques. Ils se sont focalisés sur les particules de moins de 2,5 micromètres de diamètre, appelées particules fines ou PM2,5. "Elles proviennent des gaz d’échappement des véhicules, de la combustion des centrales électriques et de la combustion du bois et présentent le risque le plus élevé pour la santé", indiquent-ils dans un communiqué. Selon les comtés, l’exposition aux PM2,5 a été classée comme élevée ou faible en utilisant les normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Maladie cardiovasculaire et santé mentale : le double impact de la pollution de l’air
"Les comtés avec des concentrations élevées de PM2,5 étaient 10 % plus susceptibles de signaler des niveaux élevés de jours de santé mentale dégradée par rapport aux comtés avec de l'air pur (faibles concentrations de PM2,5)", constatent les auteurs. Le lien entre mauvaise santé mentale et mortalité cardiovasculaire prématurée était le plus fort dans les comtés présentant des niveaux de pollution atmosphérique supérieurs à ceux recommandés par l’OMS.
"Dans ces comtés, des niveaux plus élevés de mauvaise santé mentale étaient associés à une multiplication par trois de la mortalité cardiovasculaire prématurée par rapport aux endroits avec un faible nombre de jours de mauvaise santé mentale", développent les scientifiques américains.
D’après leur analyse, un tiers du risque de décès cardiovasculaires prématurés lié à la pollution s’explique par l’augmentation du "fardeau" du la santé mentale. "Nos résultats révèlent une double menace liée à la pollution de l'air : elle aggrave non seulement la santé mentale, mais amplifie également considérablement le risque de décès liés à la santé cardiaque associés à une mauvaise santé mentale, résume le Dr Abohashem. Des stratégies de santé publique sont nécessaires de toute urgence pour s'attaquer à la qualité de l'air et au bien-être mental afin de préserver la santé cardiovasculaire."