Une mauvaise perception

Surpoids : les ados sous-estiment le problème

Les adolescents sont de plus en plus nombreux à sous-estimer leur poids. Des scientifiques s’inquiètent car cela pourrait réduire l’efficacité des politiques de prévention de l’obésité. 

  • Par Mégane Fleury
  • Maya23K/istock
  • 03 Jul 2023
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    "Combien est-ce que tu pèses ?" : plus d’un million d’adolescents ont répondu à cette question. Ces réponses ont été collectées dans le cadre d’une étude réalisée en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé. Des chercheurs de différentes universités dans le monde ont utilisé ces données pour mener des travaux sur les adolescents et leur perception de leur poids. Leurs résultats, publiés dans Child and Adolescent Obesity, montrent qu’une partie des adolescents le sous-estiment. 

    Comment les adolescents perçoivent leur poids ? 

    Les scientifiques se sont concentrés sur les données de plus de 745.000 adolescents, originaires de 41 pays différents. Ils étaient âgés de 11, 13 ou 15 ans et ont été interrogés entre 2002 et 2018. En utilisant différents outils d’analyse, les chercheurs ont analysé les réponses des adolescents à des questions sur leurs poids, qu’ils ont mis en relation avec leur indice de masse corporelle. Ils en tirent trois constats principaux : d’abord ils ont observé une augmentation de la "sous-estimation du statut pondéral" et une diminution de la "surestimation du statut pondéral". Dans le premier cas, cela signifie que de plus en plus de jeunes en surpoids ou obèses ont tendance à s’estimer plus minces, dans le second, que les jeunes sont moins nombreux à surestimer leur poids. "La perception correcte du poids augmentait avec le temps chez les filles, tandis qu'elle diminuait chez les garçons", notent aussi les auteurs. Enfin, ils ont observé que ces données variaient entre les pays, mais que cela n’était pas corrélé à la prévalence du surpoids ou de l’obésité au niveau national.

    Obésité et surpoids : une sous-estimation dangereuse ? 

    La sous-estimation du poids est la conclusion qui inquiète les auteurs. "À cet âge, la perception du poids corporel peut influencer les choix de vie d'un jeune, comme la quantité ou le type d'aliments qu'il mange et ses habitudes d’exercice physique", estime l'autrice principale de la recherche, le docteur Anouk Geraets, du Département des sciences sociales de l’Université du Luxembourg. L’équipe de recherche craint que ces tendances dans la perception du poids corporel réduisent "l'efficacité des interventions de santé publique visant à réduire le poids chez les jeunes". Anouk Geraets complète : "les jeunes qui sous-estiment leur poids, et ne se considèrent donc pas en surpoids, peuvent ne pas ressentir le besoin de perdre leur excès de poids et, par conséquent, ils peuvent faire des choix de vie malsains." 

    En revanche, la diminution de la surestimation du poids, qui concernait surtout les jeunes filles, est une bonne nouvelle. Pour les auteurs, elle pourrait être liée à de nouveaux standards physiques où les corps musclés sont davantage valorisés pour les deux sexes. "L'augmentation de la perception correcte du poids et la diminution de la surestimation peuvent avoir un effet positif sur les comportements de perte de poids inutiles et malsaines chez les adolescents", note Anouk Geraets. 

    Obésité : quels sont les risques pour les plus jeunes ? 

    Plus de 340 millions d’enfants de 5 à 19 ans étaient en surpoids ou obèses en 2016, selon des données de l’Organisation mondiale de la santé. "On associe à l’obésité de l’enfant un risque accru d’obésité, de décès prématuré et d’incapacité à l’âge adulte, précise l’OMS. Mais, en plus de ces risques pour l’avenir, les enfants obèses peuvent avoir des difficultés respiratoires, un risque accru de fractures, une hypertension artérielle, une apparition des premiers marqueurs de maladie cardiovasculaire, une résistance à l’insuline et des problèmes psychologiques." De fait, le surpoids et l’obésité peuvent avoir un "retentissement psychologique et social", dans une "société très axées sur le culte de la minceur", complète l’Inserm. Quant à la prise en charge, elle doit être globale, aussi bien physique que psychologique, et personnalisée. 

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