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Rapport d'experts : le médecin de Vincent Lambert réagit
Le pré-rapport des trois experts sur le cas Vincent Lambert ne laisse guère d'espoir. Lésions cérébrales irréverversibles, état végétatif, perte neuronale définitive, son état de santé s'est même aggravé.
- CHU de Reims où le Dr E. Kariger dirige l'unité de médecine palliative en charge de V. Lambert, Capture d'écran Youtube
« Même si l'on a toujours espéré être passé à côté de quelque chose, les données rapportées par ces experts en neurologie sont malheureusement redoutables et rejoignent nos conclusions préliminaires. Pour être honnête, elles vont même au-delà de ce que nous attendions ! » Cette réaction, c'est celle du Dr Eric Kariger suite à la diffusion dans la presse du pré-rapport des trois experts (1) chargés d'évaluer l'état de santé de Vincent Lambert dans le coma depuis cinq ans. Un médecin très ému à la lecture de ces résultats car il dirige l'unité de médecine palliative au CHU de Reims en charge de ce patient. Favorable à l'arrêt des traitements de maintien en vie sur ce malade, il indique douloureusement que cette expertise médicale demandée récemment par le Conseil d'Etat révèle même une régression de l'état de santé de Vincent Lambert.
L'état végétatif redouté est confirmé
En effet, d'après les journalistes du Monde.fr, « l'état clinique actuel de M. Vincent Lambert correspond à un état végétatif. » Dans ce cas, le malade ouvre les yeux et bouge. Mais tous ces mouvements sont considérés comme des réflexes par les neurologues. Autrement dit, pas d'état de conscience minimale ou "pauci-relationnel", comme l'avait diagnostiqué en 2011 les médecins du Coma Science Group du CHU de Liège. L'état de santé de Vincent Lambert, victime d'un accident de la route en 2008, s'est donc dégradé au fil du temps.
Ecoutez le Dr Eric Kariger, chef du pôle autonomie et santé au CHU de Reims : « Ils ont exploré avec les meilleures techniques la capacité fonctionelle et anatomique du cerveau de V. Lambert. Et ils concluent à une petite régression de son état antérieur. »
Une satisfaction : V. Lambert n'a pas conscience que son corps souffre
Mais en lisant ce pré-rapport, le Dr Eric Kariger note aussi quelques motifs de satisfaction. Ainsi, ce que son entourage peut interpréter comme une réponse à des sollicitations extérieures ne serait en fait que "des réponses réflexes". Par conséquent, « l’interprétation des réactions comportementales comme un vécu conscient de souffrance ou comme l’expression d’un souhait à l’égard de la prolongation ou de l’arrêt du traitement ne nous paraît pas possible », jugent les experts. Conclusion du Dr de Vincent Lambert : son patient n'a visiblement pas conscience de la douleur qu'il ressent.
Ecoutez le Dr Eric Kariger : « Ils concluent sans réserve que ce corps réagit à la douleur. Mais ce qui peut apaiser la souffrance de tous et d'abord du malade, c'est que Vincent Lambert n'en aurait pas conscience. »
« Sûrement l'anéantissement des derniers espoirs de guérison » (Dr Kariger)
Enfin, cet état serait d'après les experts "irréversibles". La faute d'après eux à une « atrophie cérébrale majeure témoignant d'une perte neuronale définitive » et « les chances d'amélioration de l'état végétatif sont très peu probables. » Alors bien loin de s'enorgueillir de ces conclusions car le sujet est « trop sensible », le Dr Eric Kariger rappelle tout de même que ces données à valeur scientifique confirment ce que beaucoup répétaient depuis longtemps. La direction du CHU de Reims, où travaille le Dr Kariger a en effet saisi le Conseil d'Etat contre la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne rendue en janvier 2014 de maintenir en vie le patient. « Elles viennent malheureusement probablement anéantir les espérances des uns et des autres », conclut-il.
Ecoutez le Dr Eric Kariger : « Les éléments scientifiques sont maintenant confirmés. »
Pour rappel, dans cette procédure judiciaire sur l'avenir de Vincent Lambert, les dernières conclusions sur l'état de santé de ce patient devraient être rendues avant la fin de l'été. Après les avoir consultées, la décision du Conseil d'Etat devrait suivre peu de temps après.
(1) Prs Marie-Germaine Bousser, Jacques Luauté et Lionel Naccache