Rhumatologie
Rhumatisme psoriasique : changement fréquent de traitement biologique
Près de la moitié des patients sous biologiques pour rhumatisme psoriasique changent de biothérapie au fil du temps au profit des anti-IL17 et anti-IL23, influencés notamment par le sexe féminin, l'obésité et le tabagisme.

- Natalia SERDYUK/istock
Le rhumatisme psoriasique (RPso) est une pathologie inflammatoire chronique hétérogène dont la prise en charge nécessite fréquemment un changement traitement en raison de l'inefficacité ou d’une intolérance des anti-TNF. Cette étude rétrospective, publiée dans Seminars in Arthritis and Rheumatism, réalisée sur 9607 patients atteints de rhumatisme psoriasique provenant de la base de données Clalit Health Services (Israël, 2005-2023) montre que 48% des patients sous biothérapies changent au moins une fois leur traitement.
Bien que le choix d’un anti-TNF reste dominant en première intention, une augmentation marquée du passage aux inhibiteurs de l'IL-17, puis de l’IL-23, est observée au fil du temps.
Les anti-IL17 ou anti-IL23 progressivement dominants
Les analyses secondaires révèlent que parmi les patients ayant changé de traitement, les inhibiteurs d’IL-17 sont devenus progressivement le choix prédominant pour un premier changement (single-switch ou multi-switch). Une alternance fréquente entre les classes thérapeutiques (anti-TNF vers anti-IL-17, anti-IL-23 ou inhibiteurs de JAK) est rapportée, témoignant d'une gestion thérapeutique dynamique adaptée à l’évolution clinique.
L'étude identifie également des facteurs prédictifs indépendants associés au changement de traitement : sexe féminin (56,5 % vs. 50,6 %, p<0,001), obésité (28,1 % vs. 22,6 %, p<0,001), tabagisme actif (41,6 % vs. 37,1 %, p=0,005), et statut socio-économique plus faible (34,1 % vs. 31,4 %, p=0,04). Ces éléments influencent fortement la décision de passer d’un mécanisme d’action à un autre. Aucune différence significative dans les tendances de changements thérapeutiques entre les deux périodes étudiées (2005-2014 et 2015-2023) n’a été constatée malgré la diversification accrue des biothérapies disponibles.
Une étude de cohorte rétrospective sur une base de données large et diversifiée
Ces résultats proviennent d’une étude de cohorte rétrospective basée sur la grande base de données Clalit Health Services, représentant une diversité importante d'origine ethnique, géographique et socio-économique, renforçant ainsi la possible généralisation des données observées. Cependant, cette étude présente certaines limites liées à l'absence d'informations sur la gravité précise de l’atteinte articulaire et cutanée au moment du changement thérapeutique, ainsi qu'au manque de données sur l’utilisation concomitante du méthotrexate. Ces éléments pourraient influencer les résultats concernant les motifs précis du changement thérapeutique.
Selon les auteurs, ces résultats mettent en avant l’importance d’une personnalisation du traitement en tenant compte des caractéristiques spécifiques des patients. À l’avenir, des études complémentaires seraient nécessaires pour préciser les impacts cliniques spécifiques liés aux différents mécanismes d’action des biologiques, et pour mieux comprendre les mécanismes biologiques expliquant les différences de réponse thérapeutique selon le sexe, l’obésité ou le tabagisme. Ces données contribuent à l’évolution des recommandations thérapeutiques, privilégiant une approche de médecine personnalisée dans l'arthrite psoriasique.