Psychiatrie
Dépression : au moins 5000 pas par jour pour en réduire le risque
L’analyse de 33 études observationnelles (totalisant 96 173 adultes), mesurant objectivement le nombre de pas par jour, met en évidence une association entre un nombre plus élevé de pas quotidiens (au moins 5000, voire plus de 7000 pas par jour) et une réduction du risque de dépression. Une approche simple, mais prometteuse pour la prévention en santé mentale.
- soleg/istock
Les troubles dépressifs constituent l’une des principales causes d’incapacité, touchant plus de 330 millions de personnes à travers le monde. Même lorsque les symptômes sont sous le seuil clinique, leur impact sur la qualité de vie est considérable, avec une forte probabilité d’évolution vers un tableau dépressif avéré. Les stratégies de prévention nécessitent donc de cibler des facteurs modifiables, comme l’activité physique, dont le rôle protecteur est bien documenté pour les maladies cardiovasculaires et la mortalité toutes causes. Toutefois, les recommandations fondées sur le nombre de pas quotidiens, bien plus compréhensible pour le grand public que les équivalents métaboliques, restaient à préciser quant à leur effet sur la dépression.
Dans un article paru sur The JAMA Network, une méta-analyse de 33 études (27 transversales, 6 longitudinales) regroupant plus de 96 000 adultes montre qu’un plus grand nombre de pas quotidiens serait inversement associé à la présence de symptômes dépressifs, réduisant le risque de dépression chez les personnes qui atteignent au moins 7000 pas/jour. Concrètement, pour chaque palier de 1000 pas supplémentaires, le risque de dépression diminuerait de 9 % (RR = 0,91 ; IC 95 % : 0,87-0,94).
Les effets plus marqués au-delà de 7000 pas par jour
Les analyses transversales confirment qu’au-delà de 5000 pas/jour, on observe déjà moins de symptômes dépressifs. Les effets les plus marqués se situent au-dessus de 7500 pas/jour, où l’on constate jusqu’à 42 % de dépression en moins par rapport aux personnes réalisant moins de 5000 pas. Les données des cohortes prospectives s’avèrent cohérentes : atteindre ou dépasser 7000 pas/jour diminuerait le risque de dépression (RR = 0,69 ; IC 95 % : 0,62-0,77). Sur le plan de la tolérance, aucune complication majeure n’a été mise en évidence, et il n’existe pas de « plafond » de pas au-delà duquel le risque dépressif ré-augmente.
Cependant, les personnes plus fragiles (personnes âgées, atteintes de maladies chroniques, limitations fonctionnelles) peuvent trouver dans cet objectif de pas quotidiens une forme d’activité physique adaptée, sans risque iatrogène notable. L’hétérogénéité des études et la diversité des dispositifs de mesure (podomètres, smartphones, bracelets connectés) suggèrent malgré tout qu’il peut subsister un biais de classification ou des facteurs confondants (notamment le stress chronique ou des pratiques sportives sans pas mesurables).
1ère méta-analyse des études mesurant objectivement le nombre de pas
Les données proviennent d’études observationnelles de grandes cohortes, réalisées sur des populations hétérogènes en termes d’âge (18 à 91 ans), de sexe et de localisation géographique. Le nombre de pas quotidiens ont été évalués objectivement via des appareils connectés, offrant un regard plus précis qu’une simple déclaration subjective d’activité.
Malgré la robustesse de l’échantillon, il subsiste un risque de causalité inverse : une humeur dépressive pourrait réduire la mobilité, expliquant par ricochet le faible nombre de pas. De plus, la portée de ces résultats peut varier selon le contexte socio-culturel et la prise en compte d’autres paramètres comme le type d’activité pratiquée (marche en extérieur vs exercices en salle).
Néanmoins, ces nouvelles données renforcent l’idée qu’un objectif simple, comme atteindre au moins 7000 pas/jour, pourrait être inclus dans les recommandations de prévention de la dépression, au même titre que l’entraînement en endurance ou en résistance. Les médecins disposent ainsi d’un outil de prescription cohérent et facile à suivre, appuyé par des dispositifs connectés qui favorisent l’adhésion et l’auto-surveillance.
Les recherches devront approfondir les mécanismes biologiques et psychosociaux (inflammation, neuroplasticité, estime de soi) associés à cette protection, tout en précisant les « doses » optimales de pas selon l’âge, le sexe ou le niveau de risque. Enfin, des études interventionnelles randomisées permettront de confirmer le potentiel préventif de cet indicateur de pas quotidiens et d’établir des seuils adaptés à chaque sous-population.