Pneumologie

Asthme sévère : efficacité du dépemokimab, anti IL-5 à longue durée d’action

 Le dépemokimab est un nouvel anti-IL5 de longue durée d'action efficace dans l'asthme sévère éosinophilique puisqu’il réduit le nombre d’exacerbations, avec deux injections annuelles. Son efficacité  et sa structure sont proche de celle du mépolizumab, en s’accommodant d’un effet important effet placebo. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.

  • 17 Oct 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2024, dans le New England Journal of Medicine, a cherché à démontre l’efficacité du dépemokimab chez les asthmatiques sévères. Il s’agit d’un volumineux essai contrôlé randomisé, dépemokimab versus placebo au cours de laquelle 762 patients, asthmatiques sévères, de phénotype éosinophile ont été inclus. Tous avaient eu au moins deux exacerbations dans l’année précédant l’étude. Au total, 502 patients ont reçu une injection sous-cutanée de100mg de dépemokimab tous les 6 mois pendant 1 an et 260 patients ont reçu un placebo, en plus de leurs soins habituels. Le nombre d’exacerbations au bout d’un an a été relevé chez tous les patients ainsi que le VEMS, les symptômes de l’asthme  et l’ensemble des patients a répondu au questionnaire de qualité de vie de Saint-George’s.

     

    Un effet placebo colossal

    Le professeur Arnaud BOURDIN, pneumologue, responsable du service de Pneumologie, Allergologie et Oncologie thoracique du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique que ce travail fait partie des grandes études, randomisées, contrôlées, versus placebo dont la méthodologie est parfaite et implacable. Pendant un an, les patients ont reçu soit un placebo soit une injection d’anti-IL5, le dépemokimab, tous les 6 mois. Les patients qui, pour être inclus dans l’essai, devaient avoir eu au moins deux exacerbations d’asthme dans l’année précédente , ont vu leur nombre d’exacerbations diminuer de moitié, en moyenne. En effet,  les patients inclus dans le bras ayant reçu le dépemokimab ont eu quatre fois moins d’exacerbations et les patients appartenant au bras placebo en eu deux fois moins, ce qui suggère un effet placebo colossal, d’autant que, comme le souligne Arnaud BOURDIN, les critères de jugement secondaires étaient négatifs, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas d’amélioration du VEMS ni de la qualité de vie, quel que soit le bras dans lequel étaient inclus les patients.

     

    Une bénéfice proche de celui du mépolizumab

    Arnaud BOURDIN précise que ces résultats sont intéressants car le dépemokimab  est administré  à raison de deux injections annuelles contre une par mois ou tous les 15 jours pour les autres médicaments de la même classe, ce qui permet de s’accommoder de l’effet placebo. De plus , l’efficacité a été démontrée car on ne retrouve aucune cassure ou effet de fin de dose, ni de remontée des éosinophiles au bout de six mois. Arnaud BOURDIN explique que le bénéfice clinique est très proche de celui obtenu avec le mépolizumab, très proche du dépemokimab, puisque seulement six acides aminés font la différence entre les deux molécules.  Il souligne que d’autres études, encore plus intéressantes, sont en cours pour évaluer l’intérêt du relai par dépemokimab chez les patients déjà bien contrôlés par le mépolizumab.

     

    En conclusion, malgré l’effet placebo colossal qui ressort de ce travail, l’intérêt du dépemokimab est démontré dans l’asthme sévère, car il réduit le nombre des exacerbations avec une administration simplifiée. La question du relai chez les patients contrôlés par le mépolizumab est en cours d’étude…

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