Cardiologie

Cardiomyopathie liée à l'amylose à transthyrétine : une nouvelle dimension thérapeutique

Dans l'essai HELIOS-B, le vutrisiran, un agent thérapeutique d’interférence ARN, réduit de manière significative la mortalité et les événements cardiovasculaires par rapport au placebo chez les patients atteints de cardiomyopathie liée à l'amylose à transthyrétine (ATTR).

  • syahrir maulana/istock
  • 02 Sep 2024
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    La cardiomyopathie liée à l'amylose à transthyrétine (ATTR-CM) est une maladie progressive dans laquelle des dépôts d'amyloïde, formés de protéines transthyrétine mal repliées, s'accumulent dans le cœur, entraînant un dysfonctionnement cardiaque. Cette accumulation peut provoquer une rigidité du muscle cardiaque, entraînant une insuffisance cardiaque et d'autres complications graves.

    La cardiomyopathie liée à l'amylose à transthyrétine peut être d'origine héréditaire ou se développer spontanément (forme sauvage) avec l'âge. Les options thérapeutiques actuelles sont limitées et visent principalement à stabiliser la protéine transthyrétine, mais de nouvelles approches, comme l'interférence ARN, promettent des avancées significatives dans le traitement de cette maladie complexe.

    Un agent thérapeutique d’interférence ARN

    Le vutrisiran, un agent thérapeutique d’interférence ARN administré par voie sous-cutanée, a récemment démontré des résultats prometteurs dans l'amélioration de la survie et la réduction des événements cardiovasculaires chez les patients atteints d’ATTR-CM.

    Lors du congrès ESC 2024, les résultats de l’essai HELIOS-B, publiés parallèlement dans le New England Journal of Medicine, montrent que le vutrisiran, administré en sus ou sans tafamidis (le traitement actuellement disponible), réduirait de 28% le risque de mortalité toutes causes et d'événements cardiovasculaires récidivants dans la population globale des patients atteints d'ATTR-CM, et de 33% chez ceux recevant le vutrisiran en monothérapie.

    L’efficacité a également été observée chez les patients prenant le stabilisateur de la transthyrétine, tafamidis, avec une réduction de plus de 20% des événements cardiovasculaires majeurs dans ce groupe.

    Une efficacité plus globale

    En plus de ces résultats principaux, l’étude a également montré que le vutrisiran réduisait la mortalité toutes causes de 36 % sur 42 mois dans la population générale et de 35 % chez les patients en monothérapie.

    Les patients traités par vutrisiran ont également montré des améliorations significatives de la capacité fonctionnelle (test de marche de 6 minutes), de la qualité de vie (questionnaire Kansas City Cardiomyopathy) et de la classe fonctionnelle selon la New York Heart Association (NYHA). Ces résultats suggèrent que le vutrisiran pourrait améliorer non seulement la survie, mais aussi le bien-être et les capacité fonctionnelles quotidiennes des patients atteints de cette cardiomyopathie.

    Une étude randomisée en double aveugle

    L’essai HELIOS-B est une étude randomisée, en double aveugle, menée auprès de 655 patients atteints de cardiomyopathie liée à l'amylose à transthyrétine (formes héréditaire et sauvage), qui avaient des preuves d'amylose cardiaque par échocardiographie et une confirmation des dépôts amyloïdes ATTR. Les patients ont été randomisés pour recevoir soit du vutrisiran, soit un placebo, administrés tous les trois mois pendant jusqu'à 36 mois. Les principaux critères d'évaluation étaient un composite de mortalité toutes causes et d'événements cardiovasculaires récurrents, et les résultats ont montré que le vutrisiran atteignait ces objectifs avec une réduction significative du risque par rapport au placebo.

    La majorité des effets indésirables observés sous vutrisiran ont été légers ou modérés, avec des taux de discontinuation du traitement similaires entre le groupe vutrisiran (3,1 %) et le groupe placebo (4,0 %). Ces résultats montrent que le vutrisiran est non seulement efficace mais aussi bien toléré chez les patients atteints d'ATTR-CM.

    Un changement de paradigme : le "silençage génique"

    Ces conclusions indiquent que le vutrisiran pourrait devenir le nouveau standard de soin pour les patients atteints de cardiomyopathie liée à l'amylose à transthyrétine.

    Cette étude est également la première à démontrer les bénéfices des agents de silençage génique dans tout type de cardiomyopathie, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques dans le traitement de cette maladie dévastatrice.

    Les résultats de l'essai HELIOS-B suggèrent une évolution vers une médecine plus personnalisée et axée sur des approches innovantes comme l'interférence ARN, qui cible directement les mécanismes sous-jacents de la maladie.

     

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