Rhumatologie

Goutte, chondrocalcinose et rhumatisme à hydroxyapatite : recommandations sur l’imagerie

De nouvelles recommandations pratiques permettent de mieux utiliser les différentes techniques d’imagerie disponibles pour le diagnostic et le suivi des arthropathies microcristallines.

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  • 26 Aoû 2024
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    Les arthropathies induites par les cristaux (CiA), ou arthrites microcristallines, sont des pathologies courantes causées par le dépôt de cristaux dans les tissus articulaires et périarticulaires. Les trois types de cristaux principalement impliqués dans la pathogenèse de ces maladies sont : l'urate monosodique (MSU) dans la goutte, les cristaux de pyrophosphate de calcium (CPP) responsables du dépôt de CPP (CPPD) et les cristaux de phosphate de calcium basique (BCP) (principalement des cristaux d'hydroxyapatite) associés au dépôt de BCP (BCPD), qui peuvent conduire à différents phénotypes cliniques tels que la tendinite calcifiante ou le syndrome de l'épaule de Milwaukee.

    De nouvelles recommandations, basées sur les dernières recherches cliniques, visent à guider les médecins dans l'utilisation des techniques d'imagerie pour diagnostiquer et surveiller ces affections : la radiographie conventionnelle (CR), l'échographie, la tomodensitométrie, la tomodensitométrie à double énergie (DECT) et l'IRM.

    Principes Fondamentaux

    Principe A : Les CiAs sont caractérisées par des épisodes inflammatoires intermittents, mais peuvent également avoir une évolution chronique, avec ou sans poussées surajoutées. Ces maladies chroniques, bien que parfois asymptomatiques, peuvent conduire à des poussées inflammatoires aiguës déclenchées par la déposition de cristaux, comme observé dans la goutte intercritique ou la tendinite calcifiante.

    Principe B : L'imagerie dans les CiAs fournit des informations utiles sur la déposition de microcristaux, l'inflammation et les dommages structurels. Les techniques d’imagerie telles que la radiographie, la DECT et l’échographie sont essentielles pour visualiser les cristaux et évaluer les dégâts articulaires.

    Principe C : La présence d'anomalies à l'imagerie, en particulier celles liées à la déposition de cristaux, ne correspond pas toujours à des manifestations cliniques. Par exemple, les dépôts cristallins asymptomatiques, tels que dans la CPPD ou la tendinite calcifiante, peuvent être détectés sans symptômes cliniques.

    Principe D : Les données cliniques, comme les antécédents médicaux et l’analyse du liquide synovial, doivent être prises en compte lors de l’interprétation des résultats d’imagerie dans les CiAs. L’imagerie seule ne suffit généralement pas pour poser un diagnostic.

    Principe E : L’imagerie dans les CiAs doit être réalisée et interprétée par des professionnels de santé formés. En raison de la complexité des CiAs, l'expertise est cruciale pour l'analyse des résultats d'imagerie.

    Recommandations Spécifiques

    Recommandation 1 : Lors de la réalisation d'une imagerie pour les CiAs, les zones symptomatiques ainsi que les sites cibles spécifiques à la maladie (par exemple, le premier métatarsophalangien pour la goutte, le genou pour la CPPD, et l'épaule pour la BCPD) doivent être examinés.

    Recommandation 2 : Pour le diagnostic de la goutte, l’échographie et la DECT sont les modalités d’imagerie recommandées, chacune permettant d'identifier efficacement les dépôts de cristaux d'UMS, (sauf au stade de début pour la DECT).

    Recommandation 3 : Si des caractéristiques spécifiques de dépôts d'UMS sont identifiées à l'échographie (signe du double-contour ou tophus) ou à la DECT, l'analyse du liquide synovial n'est pas nécessaire pour confirmer le diagnostic de goutte. C’est particulièrement le cas, si les atteintes articulaires sont nombreuses et bien documentées en imagerie pour les articulations difficiles d’accès ou douloureuses à ponctionner. Sinon, la ponction articulaire doit toujours être tentée.

    Recommandation 4 : Pour le diagnostic de la CPPD, la radiographie et l'échographie sont recommandées. Le scanner peut être utilisé si une atteinte axiale est suspectée.

    Recommandation 5 : Pour le BCPD, l'imagerie est essentielle, avec une préférence pour la radiographie ou l'échographie.

    Recommandation 6 : Dans la goutte, l’échographie et la DECT peuvent être utilisées pour surveiller la déposition cristalline, et dans le cas de l’échographie, également l’inflammation. La radiographie peut être utilisée pour évaluer les dommages structurels dans les maladies de longue durée.

    Recommandation 7 : Dans la CPPD et la BCPD, l'imagerie en série n'est pas recommandée, sauf en cas de changement clinique inattendu.

    Recommandation 8 : Dans la goutte, l'évaluation de la quantité de dépôts d'UMS par échographie ou DECT peut être utilisée pour prédire les futures poussées.

    Recommandation 9 : Si une analyse du liquide synovial est nécessaire, l’échographie doit être utilisée pour guider la réalisation lorsque les repères anatomiques sont difficiles à utiliser.

    Recommandation 10 : Montrer et expliquer les résultats d’imagerie aux patients atteints d’arthropathies microcristallines peut les aider à mieux comprendre leur maladie et améliorer l’adhérence au traitement.

    Ces recommandations sont destinées à améliorer la prise en charge des arthropathies microcristallines en clinique, en guidant les médecins dans le choix des techniques d'imagerie les plus appropriées pour chaque situation clinique.

     

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