Gastro-entérologie

Intestin irritable : les formes après une infection intestinale peuvent persister 4 ans

Le syndrome de l'intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle) pourrait persister pendant des années après une gastro-entérite aiguë : 14,5 % des personnes qui ont souffert d'une infection intestinale aiguë ont en effet développé un syndrome de l'intestin irritable dans les suites de la gastroentérite aiguë. Les microbes pro-inflammatoires, y compris les protéobactéries et leurs sous-catégories, ainsi que le SARS-CoV-2, pourraient être associés au développement du syndrome de l'intestin irritable post-infectieux.

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  • 18 Jul 2024
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    Le syndrome de l'intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle) est une affection fréquente caractérisée par des douleurs abdominales, des ballonnements et des troubles du transit intestinal. Bien que ses causes soient encore mal comprises, des études récentes suggèrent un lien significatif entre le syndrome de l'intestin irritable et les épisodes de gastro-entérite aiguë.

    Selon une large analyse de donné, publiée dans la revue Gut, environ la moitié des personnes ayant souffert de gastro-entérite aiguë peuvent développer des symptômes de syndrome de l'intestin irritable persistant pendant quatre ans ou plus.

    Facteurs étiologiques et agents pathogènes

    L'étude souligne que des bactéries agressives et pro-inflammatoires, telles que les Proteobacteria et Enterobacteriaceae, ainsi que le virus responsable de la Covid-19 (SARS-CoV-2), sont des coupables potentiels dans le développement du syndrome de l'intestin irritable post-gastro-entérite.

    Ces infections provoquent une inflammation intestinale qui peut perturber l'axe intestin-cerveau, conduisant à des symptômes chroniques.

    Prévalence et durée des symptômes

    Les chercheurs ont analysé 47 études éligibles, totalisant 28 170 participants principalement d'Europe et d'Amérique du Nord. Ils ont constaté que la prévalence du syndrome de l'intestin irritable après une gastro-entérite serait de 14,5 %, tandis que celle de la dyspepsie fonctionnelle serait de 12,7 %.

    Comparativement aux personnes n'ayant pas souffert de gastro-entérite, celles qui en ont été affectéss seraient plus de quatre fois plus susceptibles de développer un syndrome de l'intestin irritable (OR 4,3) et trois fois plus susceptibles de développer une dyspepsie fonctionnelle (OR 3,0).

    Concernant la durée des symptômes du syndrome de l'intestin irritable, les données combinées révèlent que les symptômes pourraient persister plus de cinq ans chez 39,8 % des patients.

    Facteurs de risque

    Plusieurs facteurs de risque influencent le développement du syndrome de l'intestin irritable après une gastro-entérite. L'anxiété préexistante triple le risque, tandis qu'une diarrhée durant plus de trois semaines le double. L'hospitalisation et le sexe féminin augmentent le risque respectivement de 65 % et 59 %.

    Les infections par Campylobacter donnent la plus haute prévalence de syndrome de l'intestin irritable post-gastro-entérite (20,7 %), tandis que les infections par des espèces de Proteobacteria et SARS-CoV-2 augmentent respectivement les risques de cinq fois (OR 5,4). Les infections par des parasites montrent une prévalence de 30,1 %, bien que cette donnée soit basée sur seulement deux études.

    Données épidémiologiques et implications cliniques

    Globalement, les virus seraient impliqués dans près de 10,7 % des cas de syndrome de l'intestin irritable post-gastro-entérite, les bactéries dans un peu plus de 18,3 % et les parasites dans 30,1 %. En ce qui concerne la dyspepsie fonctionnelle, la prévalence serait de 10 % après des infections par le SARS-CoV-2 et de 13,6 % après une infection bactérienne, avec les Enterobacteriaceae comme source d'infection la plus courante (19,4 %).

    Limites de l'étude et recommandations

    Malgré l'ampleur de cette analyse de données, les chercheurs reconnaissent certaines limites, notamment la variabilité des protocoles d'étude, des définitions utilisées, du nombre de participants et de la durée du suivi. De plus, la majorité des études se concentrent sur les populations occidentales, avec des données limitées provenant de la région Asie-Pacifique et de l'Afrique.

    Les chercheurs concluent en soulignant que, bien que les troubles de l'interaction intestin-cerveau soient souvent perçus comme étant principalement psychologiques, leurs résultats soulignent l'importance de considérer le syndrome de l'intestin irritable et la dyspepsie fonctionnelle comme des affections médicales valides. Ils recommandent aux médecins de prêter attention aux antécédents de gastro-entérite de leurs patients, étant donné la prévalence élevée et l'impact potentiel sur la santé publique de ces troubles.

    Ces données mettent en évidence l'importance d'une prise en charge attentive des patients présentant des symptômes post-gastro-entérite et l'intérêt de poursuivre les recherches pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces affections.

     

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