Diabétologie

Diabète de type 2 mal contrôlé : un hypercorticisme non diagnostiqué fréquent ?

Dans la plus large étude menée à ce jour, près d'un quart des patients atteints de diabète de type 2 mal contrôlé auraient un hypercorticisme, une proportion encore plus importante s’ils sont hypertendus, un constat qui suggère qu'il pourrait être nécessaire de modifier la prise en charge de ces malades.

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  • 02 Jul 2024
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    Actuellement, plus d’un tiers des patients souffrant de diabète de type 2 ont un diabète non contrôlé aux États-Unis. Les résultats de l'étude prospective américaine, CATALYST, révèlent que l’hypercorticisme pourrait être une cause importante de diabète de type 2 difficile à contrôler chez de nombreux patients.

    Cette étude révèle, en effet, que 24 % des personnes souffrant de diabète de type 2 difficile à contrôler auraient un hypercortiscisme (253 des 1 055 patients), une atteinte des surrénales caractérisée par des niveaux anormalement élevés de cortisol. Ces résultats, surprenants selon les experts présents sur place, ont été présentés dans le cadre d'un Late-breaking symposium lors du 84e congrès annuel de l'American Diabetes Association (ADA 2024), à Orlando.

    Une sélection rigoureuse des malades

    L'étude CATALYST, le plus grand essai prospectif de ce type, a examiné plus de 1 000 patients diabétiques de type 2 avec un taux d'HbA1c compris entre 7,5% et 11,5% malgré de multiples traitements antidiabétiques. Cette première partie de l'étude CATALYST souligne l'importance du dépistage d’un hypercorticisme chez les patients souffrant d'un diabète de type 2 difficile à contrôler. La seconde partie de l'étude, en cours, vise à évaluer si le traitement médical de l'hypercorticisme avec un antagoniste des glucocorticoïdes (mifepristone) peut améliorer la gestion du diabète et atténuer les problèmes de santé qui y sont liés.

    Pour être éligibles à l'essai CATALYST, les patients devaient avoir un taux d'HbA1c compris entre 7,5 et 11,5%, prendre au moins trois traitements hypoglycémiants, ou de l'insuline plus un autre hypoglycémiant, ou au moins deux hypoglycémiants et avoir une ou plusieurs complications micro- ou macrovasculaires, ou prendre au moins deux hypoglycémiants et au moins deux antihypertenseurs.

    Afin d'exclure les personnes souffrant d'un taux de cortisol faussement élevé, l'étude n'a pas inclus de patients prenant des contraceptifs oraux, ni de personnes ayant une consommation excessive d'alcool, une maladie psychiatrique grave ou une apnée du sommeil sévère non traitée, un diabète de type 1 ou un travail en équipe de nuit.

    Un quart des patients auraient un hypercorticisme

    Les chercheurs ont utilisé un test de suppression à la dexaméthasone de 1 mg pendant la nuit pour détecter l'hypercorticisme, indiqué par un taux de cortisol matinal post-DEXA supérieur à 1,8 μg/dL et un taux de dexaméthasone de 140 ng/dL ou plus. Les résultats ont montré la présence d'un hypercortisolisme chez 24% des patients dépistés. Notamment, parmi ceux qui prenaient au moins trois médicaments contre l'hypertension, la prévalence de l'hypercorticisme serait d'environ un sur trois.

    Il est intéressant de noter que le scanner des surrénales révèle des anomalies surrénaliennes chez environ un tiers de ces patients, un quart d'entre eux ayant une tumeur surrénalienne, ce qui suggère qu'une intervention chirurgicale pourrait potentiellement résoudre leur hypercortisolisme et améliorer le contrôle du diabète.

    La maladie de Cushing est relativement rare, avec environ 1,2 à 3,2 cas par million et par an. Sur la base des études publiées dans la littérature, les chercheurs s'attendaient à ce que la prévalence soit plus proche de 8%. Cependant, la plupart des patients souffrant d'hypercorticisme dans cette étude ne semblent pas avoir le syndrome de Cushing classique. Actuellement, les patients ne sont généralement soumis à un dépistage de l'hypercortisolisme qu'en cas de forte suspicion. Les patients souffrant d'un diabète mal contrôlé sont rarement dépistés

    Les diabétiques de type 2 hypertendus particulièrement à risque

    Le risque d’hypercorticisme semble le plus élevé chez les diabétiques de type 2 prenant au moins deux médicaments hypoglycémiants et au moins deux antihypertenseurs (rapport de cotes, 1,871 ; IC à 95 %, 1,406-2,491). Les personnes prenant trois antihypertenseurs ou plus semblent avoir un risque particulier.

     Vingt-et-un pour cent des personnes inscrites au programme CATALYST prenaient trois antihypertenseurs ou plus. La probabilité d'avoir un hypercorticisme serait deux fois plus élevée chez ces patients. Quelque 35 % d'entre eux avaient cette pathologie

    Des résultats à valider avant un éventuel changement des pratiques

    « Ces résultats sont significatifs car ils mettent en évidence un facteur précédemment méconnu qui contribue aux obstacles lorsqu'il s'agit de traiter le diabète de type 2 », a déclaré le Pr John Buse (University of North Carolina School of Medicine Diabetes Center and Translational and Clinical Sciences Institute), et auteur principal de l'étude. « En identifiant un hypercorticisme chez ces patients, nous pouvons cibler les traitements plus efficacement et potentiellement améliorer leurs résultats. »

    Des études supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment l’hypercorticisme peut être une cause sous-jacente contribuant au diabète de type 2 difficile à contrôler.

     

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