Onco-digestif
Cancer du côlon et instabilité microsatellitaire : intérêt de l’immunothérapie néoadjuvante
Les données de survie de l’étude NICHE-2 suggèrent une place de nouveau standard de traitement pour l'immunothérapie néoadjuvante dans les cancers du côlon avec instabilité mutationnelle.
- Ozgu Arslan/istock
Des réponses pathologiques majeures ont été observées après l'administration d'une immunothérapie en néoadjuvant par nivolumab plus ipilimumab à des patients atteints d'un cancer du côlon avec instabilité microsatellitaire (déficit de réparation des mésappariements de l'ADN ou dMMR), selon des chercheurs qui ont présenté de nouveaux résultats de l'essai NICHE-2 lors de la réunion annuelle 2022 de la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO).
À ce stade, 95% des patients ont eu une réponse pathologique majeure (MPR) et 67% une réponse pathologique complète (pCR) avec l'immunothérapie, or de nombreux patients étaient au stade 3 et à haut risque, avec un taux de récidive élevé.
67% de réponses pathologiques complètes
Tous les patients ont été opérés avec une résection chirurgicale R0 dans 100% des cas. Une réponse pathologique est observée chez 99% des patients, 95% ayant une réponse pathologique majeure (MPR) (définie comme ≤ 10% de tumeur viable résiduelle), et 4% une réponse partielle (définie comme 10%-≤50% de tumeur viable résiduelle).
Une réponse pathologique complète (pCR) (qui comprenait à la fois le lit tumoral et les ganglions lymphatiques) est observée chez 67% des participants et la différence est à la limite de la significativité entre les patients atteints de tumeurs sporadiques et les patients atteints de syndrome de Lynch.
Ce traitement a été très bien toléré et, à ce jour, aucun de ces patients n'a eu de récidive de sa maladie après un suivi médian de 13,1 mois
Une étude en néoadjuvant
Pour l'étude NICHE-2, les patients atteints d'un cancer du côlon de stade cT3 dMMR et/ou d'une atteinte ganglionnaire mais sans métastases et sans signe d'obstruction ont reçu deux doses de nivolumab à 3 mg/kg et une dose d'ipilimumab à 1 mg/kg avant une intervention chirurgicale dans les 6 semaines suivant leur inclusion.
Les 112 participants avaient un âge médian de 60 ans et un peu plus de la moitié étaient des femmes. Une maladie de stade 3 à haut risque était présente chez 74% des patients, dont 64% des patients avec des tumeurs T4a ou T4b cliniques et 62% avec un cancer de stade N2 radiologique. Le délai médian entre la première dose d'immunothérapie et la chirurgie est de 5,4 semaines.
Un nouveau standard de traitement
La chimiothérapie adjuvante est le traitement standard du cancer du côlon résecable, or la chimiothérapie n’est pas aussi active et une disparition complète de la tumeur dans la pièce de résection chirurgicale n’est pas pas observée.
L'immunothérapie néoadjuvante pourrait donc devenir le traitement standard des patients atteint d’un cancer du côlon résecable et avec instabilité mutationnelle, selon différents experts, à condition cependant d’un maintien du résultat de survie sans maladie à 3 ans dans les analyses préspécifiées.
Environ 10 à 15% des cancers du côlon sont dMMR, et environ 33% d'entre eux sont associés au syndrome de Lynch, ce qui représente un enjeu majeur.