Hépatologie
Hépatite virale D : premier pas vers un traitement efficace
L'infection par le virus de l'hépatite D (VHD) est l'hépatite virale la plus grave et, malgré des décennies sans traitement validé, de nouveaux médicaments promettent de transformer la prise en charge de cette maladie.
- Rasi Bhadramani/istock
L'hépatite D chronique est la forme la plus grave d'hépatite virale, caractérisée par une progression clinique rapide et un risque accru de cirrhose et de cancer du foie. L'hépatite D chronique est causée par le virus de l'hépatite D (VHD), un virus défectueux qui a besoin de l'antigène de surface de l'hépatite B (HBsAg) pour s'assembler et se propager. L'objectif ultime du traitement est l'éradication du VHD, idéalement en éliminant également l'antigène de surface de l'hépatite B (HBsAg), conduisant ainsi à une guérison fonctionnelle des infections par le VHD et le virus de l'hépatite B (VHB).
L'absence de traitements a longtemps rendu la gestion de cette maladie complexe et difficile. Cependant, plusieurs nouvelles molécules en cours d'étude offrent de nouveaux espoirs.
Une molécule prometteuse validée
Le bulevirtide, un inhibiteur de l'entrée du polypeptide cotransporteur du taurocholate de sodium, a été approuvé de manière conditionnelle par l'Agence Européenne des Médicaments en juillet 2020, avec une approbation complète en mai 2023. Malgré son potentiel, le bulevirtide présente plusieurs limitations. Une réponse virologique, définie par un niveau indétectable d'ARN du VHD, n'a été observée que chez 12% et 20% des patients après 48 et 96 semaines de traitement avec la dose quotidienne approuvée de 2 mg respectivement.
De plus, le taux de rechute virologique est élevé après l'arrêt du traitement, ce qui suggère un besoin potentiel de traitement à long terme. Cette perspective est compliquée par la nécessité d'injections sous-cutanées quotidiennes, parfois à deux sites corporels différents selon la dose.
Traitements combinés : vers une efficacité accrue
Pour surmonter les limitations du bulevirtide, des traitements combinés sont à l'étude, avec l'objectif d'améliorer les réponses virologiques pendant et après le traitement. Une étude de phase 2b publiée dans le New England Journal of Medicine a examiné l'efficacité de doses plus élevées de bulevirtide (10 mg) et son association avec le peginterféron alfa-2a, un médicament antiviral et immunomodulateur recommandé pour le traitement des infections chroniques par le VHD et le VHB.
Cette étude a montré qu'un traitement combiné de 96 semaines, avec du peginterféron administré pendant les 48 premières semaines, aboutissait à des niveaux indétectables d'ARN du VHD chez 26% des patients recevant 2 mg de bulevirtide et chez 46% de ceux recevant 10 mg, contre seulement 12% pour la monothérapie avec 10 mg de bulevirtide. Ces résultats suggèrent que le peginterféron, bien que difficile à tolérer, peut significativement améliorer les résultats du traitement du VHD.
Des perspectives prometteuses malgré des défis persistants
L'infection par le VHD reste un défi majeur en raison de l'absence de traitements approuvés et des limitations des options actuelles. Néanmoins, les progrès récents avec le bulevirtide et les traitements combinés, bien qu'exigeants, offrent des perspectives encourageantes.
Selon plusieurs experts, l'avenir des traitements de l'hépatite virale D pourrait résider dans des associations thérapeutiques plus sûres et plus faciles à administrer, potentiellement avec des immunomodulateurs autres que le peginterféron.
Bien que les résultats de ces essais ne vont probablement pas modifier les pratiques en Occident, ils pourraient avoir immédiatement un impact significatif dans les régions à haute prévalence du VHD, améliorant ainsi la gestion de cette maladie dévastatrice.