Hématologie
Gammapathies monoclonales de signification indéterminée : impact psychologique du dépistage
La cohorte iStopMM est une étude de dépistage des gammapathies conduite à l’échelle de la population islandaise. L’analyse de qualité de vie issue de cette cohorte montre que la mise en évidence d’une gammapathie ne semble pas avoir d’impact psychologique négatif sur la population à risque.
- Md Saiful Islam Khan/istock
La gammapathie monoclonale de signification indéterminée (GMSI) et le myélome multiple indolent (MMi) précèdent la survenue d’un MM symptomatique. Certaines études suggèrent qu’un traitement précoce améliore l’évolution clinique et la survie des patients. Cependant, chez la majorité des patients, le diagnostic de MM est porté à un stade symptomatique.
L’étude iStopMM est une étude randomisée de dépistage des gammapathies conduite à l’échelle de la population islandaise, dont le but est d’étudier la faisabilité, la pertinence et les inconvénients potentiels du dépistage des GMSI à grande échelle. Cette étude, basée sur cette cohorte, s’intéresse aux conséquences psychologiques d’un tel dépistage.
Une étude de cohorte à l’échelle de la population
Tous les résidents islandais nés avant 1975 ont été invités à participer à cette étude, et 80,759 individus (54% de la population éligible) ont bénéficié de la réalisation d’une électrophorèse des protéines sériques et d’un dosage des chaines légères libres sériques entre 2016 et 2020. Les patients chez qui était identifiée une GMSI étaient ensuite randomisés en 3 bras : un 1er bras dans lequel les patients n’étaient pas informés du diagnostic, un 2ème bras où les patients était suivis selon les recommandations habituelles, et un 3ème bras avec un suivi plus rapproché.
Un traitement précoce était initié en cas d’évolution. Les patients étaient surveillés jusqu’à la survenue d’une hémopathie (MM ou MMi ; maladie de Waldenström symptomatique ou indolente – MW ou MWi ; Leucémie Lymphoïde Chronique – LLC ; Lymphome Non Hodgkinien - LNH). Des questionnaires de qualité de vie (Satisfaction with Life Scale ; SWLS), d’évaluation de la dépression (Patient Health Questionnaire 9 ; PHQ-9) et de l’anxiété (General Anxiety Disorder 7 ; GAD-7) étaient au diagnostic de GMSI puis annuellement.
Le dépistage n’a pas d’impact psychologique délétère
Au total, un diagnostic de GMSI a été posé chez 3487 participants sur un total de 75422 (0,05%). Après un suivi médian de 4 à 4.5 ans, un diagnostic d’hémopathie a été porté chez 33, 136, et 185 patients dans les bras 1, 2 et 3 (p<0.001), respectivement.
Le taux de remplissage des questionnaires était de 65 à 72% selon les bras. Les scores PHQ-9 et GAD-7 n’étaient pas plus haut, et le score SWLS pas plus bas dans les bras 2 et 3 que dans le bras 1 (contrôle), que ce soit au diagnostic ou au cours du suivi. Il n’était donc pas observé d’impact psychologique négatif de ce dépistage.
Conclusion
Le dépistage des GMSI conduit à un diagnostic plus précoce de certaines hémopathies. Ce dépistage, accompagné d’une information et d’un suivi adapté ne semble pas avoir d’impact psychologique majeur sur la population dépistée. Il faudra toutefois confirmer la pertinence clinique, et l’impact sur la survie globale d’un dépistage précoce de ces hémopathies.