Neurologie
Sclérose en plaques : les traitements de haute efficacité réduiraient le passage vers les formes progressives
Les données de l’Observatoire Français de la Sclérose en plaques, présentées au congrès de l'ECTRIMS sont en faveur de l’impact positif des traitements de haute efficacité avec un moindre passage vers les formes secondairement progressives.
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L’édition 2023 de l’ECTRIMS (European Committee for Treatment and Research In Multiple Sclerosis) vient de s’achever il y a quelques jours.
Si cette édition n’a pas révélé de nouveauté thérapeutique majeure, l’accent était mis sur l’importance de la stratégie thérapeutique, avec plusieurs communications majeures sur l’impact du recours toujours plus précoce aux traitements de haute efficacité, dont l’étude SPAM, tirée des données de l’Observatoire Français de la Sclérose en Plaques.
L’étude SPAM
L’étude SPAM, tirée des données de l’Observatoire Français de la Sclérose en plaques a été présentée en communication orale. Cette étude avait pour but d’étudier la fréquence et les facteurs de risque de passage en forme secondairement progressive (SP) chez des patients ayant été exposés à un traitement de haute efficacité (THE) dans les 5 ans suivant le diagnostic de sclérose en plaques.
Ce traitement devait avoir été maintenu pendant au moins 1 an et un recul minimal de 5 ans était requis pour être sélectionné dans l’étude.
Intérêt des traitements de haute efficacité
Plus de deux mille deux cents patients ont pu être analysés. Leurs caractéristiques démographiques étaient classiques, avec un âge moyen de 31 ans et une prédominance féminine (70.5%). Ces patients ont été majoritairement exposés au natalizumab (48.1%), au fingolimod (36.2%) et aux anti CD20 intraveineux (15%).
Le risque estimé de passage en forme secondairement progressive est de 3.8% à 5 ans et 8% à 10 ans, ce qui est globalement plus faible que les données d’histoire naturelle de la maladie. Ces données valident l’intérêt des THE précoces pour réduire le risque d’évolution en forme progressive. Par ailleurs des facteurs de risque démographiques classiques de passage en forme progressive ont été confirmés, comme l’âge plus avancé ou le sexe masculin.
De nouveaux éléments
L’étude a également révélé d’autres éléments intéressants. L’introduction du THE en l’absence totale de handicap résiduel (score EDSS à zéro) serait associée à un risque plus faible de passage en forme progressive. Ainsi les patients dont le score EDSS initial était compris entre 1 et 3.5 ont un risque de passage en forme SP multiplié par 3,4. D’autre part, l’usage d’un THE oral (essentiellement par modulateur S1P) est associé à un risque deux fois supérieur de forme SP en comparaison aux THE intraveineux représentés par les anticorps monoclonaux.
Concernant l’évaluation de la réponse au traitement, l’obtention du statut NEDA (No Evidence of Disease Activity) combinant des critères de réponse clinique et radiologique n’était pas prédictif du pronostic à long terme. En revanche les résultats ont montré l’importance de détecter une progression asymptomatique et insidieuse de l’EDSS survenant à distance d’une poussée (Progression Independant of Relapse Activity – PIRA) qui elle était fortement associée au risque d’évolution vers une forme SP.
Référence
Cohen M et al., Silent Progression Activity Monitoring in MS despite an early highly active treatment: the SPAM study, abstr. O043