Épidémie
Bronchiolite : un anticorps monoclonal pour les tout-petits
Un traitement par anticorps mococlonal est désormais disponible pour prévenir la bronchiolite chez les nourrissons. A ne pas confondre avec un vaccin autorisé aux Etats-Unis mais qui ne sera pas disponible en France avant 2024. Le point sur ces nouveautés et leur effet sur une maladie dont l'épidémie a été particulièrement intense l'hiver dernier.
- Par Thierry Borsa
- phonprom/istock
C’est LA bonne nouvelle de la rentrée pour tous ceux qui ont un jeune enfant : la Haute Autorité de Santé (HAS) vient de donner son feu vert pour la prescription et le remboursement d’un nouveau traitement préventif contre la bronchiolite. Une maladie qui touche chaque hiver près de 30% des nourrissons. Gêne respiratoire, caractérisée par de la toux et une respiration rapide et sifflante, la bronchiolite, provoquée par l’infection par le virus VRS (virus respiratoire syncitial), si elle est le plus souvent bénigne, peut entraîner des complications et nécessiter une hospitalisation.
Depuis le 15 septembre, un traitement préventif est donc accessible en France. Elaboré par le laboratoire Sanofi et basé sur la molécule nirsevimab administrée en une seule injection intramusculaire, il procure une immunité passive contre la maladie. Mais attention : il ne s’agit pas d’un vaccin. Ce traitement préventif est un anticorps monoclonal qui permet de développer chez les jeunes enfants la réponse immunitaire face au virus responsable de la bronchiolite.
Pourquoi l’arrivée de ce traitement contre la bronchiolite est très attendue ?
Si la bronchiolite est devenue une maladie courante en hiver chez les jeunes enfants, elle a atteint durant la saison précédente, l’hiver 2022-2023, une intensité jusque-là jamais observée. D’abord, selon le bilan communiqué par l’agence Santé Publique France, elle a commencé très tôt dans la saison, dès la première semaine d’octobre, c’est-à-dire six semaines plus tôt que la moyenne observée durant les années précédentes.
Surtout, elle a entraîné plus de 73.000 passages aux urgences dont plus de 26.000 ont été suivis par une hospitalisation pour des enfants de moins de 2 ans. Le nombre de bébés nécessitant une prise en charge en réanimation a même plusieurs fois dépassé les capacités des services pédiatriques.
Comment protéger les nourrissons de la bronchiolite grâce au nouveau traitement ?
Commercialisé sous le nom de Beyfortus, disponible en France depuis le 15 septembre, il s’agit d’un traitement prophylactique qui vise à renforcer l’immunité des nourrissons contre le VRS responsable de la maladie. Jusqu’ici, il n’existait qu’un seul traitement contre la bronchiolite, proposé par le laboratoire AstraZeneca. Mais il s’agit d’un traitement uniquement réservé aux bébés à risque.
Ce nouveau traitement préventif qui ne peut être délivré que sur ordonnance médicale est destiné à tous les bébés nés depuis février 2023. Il doit être administré soit par un médecin soit par un infirmier, en une seule injection intramusculaire dans la cuisse dès le début de la saison à laquelle se déclare l’épidémie ou dès la naissance, et en tout cas avant la sortie de la maternité, chez les nourrissons nés durant l’épidémie.
Ne pas confondre ce traitement avec un vaccin contre la bronchiolite autorisé aux Etats-Unis
Traitement préventif basé sur un anticorps monoclonal, le Beyfortus n’est pas un vaccin, même s’il agit sur la réponse immunitaire des nourrissons. C’est à souligner parce que, quelques semaines avant le feu vert de la HAS sur ce nouveau produit, les Etats-Unis avaient, eux, autorisé dès le mois d’août dernier un vaccin mis au point par le laboratoire Pfizer contre la bronchiolite.
Mais ce vaccin, s’il a été approuvé par l’Agence Européenne du médicament, n’est pas encore disponible en France. Son arrivée serait, au mieux, prévue dans le courant de l’année 2024.
Sa particularité est qu’il doit être administré non pas aux nourrissons mais aux femmes enceintes, entre 32 et 36 semaines. Selon la FDA, l’agence américaine du médicament, ce vaccin protégerait les nourrissons durant les six premiers mois de leur vie.
Selon le Conseil National des Professionnels de Pédiatrie, les résultats de trois essais cliniques qui ont été conduits entre 2016 et 2023 sur 12.000 nourrissons montrent que ce traitement permet de réduire de 80% les hospitalisations pour infection à VRS et de 75% les formes très sévères de la maladie.
De quoi apporter une "amélioration", voire une "révolution" dans la prévention de la bronchiolite, selon plusieurs pédiatres. Mais malgré l’arrivée de cette nouvelle arme dont le gouvernement a commandé 200.000 doses, la HAS souligne que "son administration ne peut pas se substituer au respect des mesures ‘barrières’ comme le lavage des mains, le port d’un masque par les personnes proches du bébé et souffrant d‘affections respiratoires même bénignes et l’aération des pièces" .
Dès maintenant sur Fréquence Médicale, les explications du Pr Robert Cohen, vice-président de la Société Française de Pédiatrie et à l'origine de la création du réseau Infovac, interrogé dans l'émission "La Santé en Questions" par le Dr Jean-François Lemoine et le Pr Jean-François Bergmann.