Arthrose digitale : intérêt du méthotrexate dans les formes inflammatoires

Dans une étude randomisée sur les formes inflammatoires de l’arthrose digitale, le méthotrexate améliore significativement la douleur et le handicap.

Les traitements de fond en rhumatologie (DMARD) ont presque toujours échoué à soulager les patients souffrant d'arthrose digitale. Le traitement pharmacologique repose actuellement sur des médicaments tels que les antalgiques oraux et les injections de corticoïdes qui n'ont aucun effet sur le processus pathologique sous-jacent.

Les patients souffrant d'arthrose de la main, confirmée radiologiquement et ayant un sous-type inflammatoire, ont obtenu un soulagement de la douleur significativement plus important lorsqu'ils ont été traités avec du méthotrexate par rapport à un placebo dans le cadre d'un essai randomisé d'une durée de 6 mois.

Cette étude METHODS, la première à avoir évalué le méthotrexate pour la population spécifique des patients souffrant d'arthrose de la main de sous-type inflammatoire, a été présentée lors du congrès annuel 2023 de l’European Alliance of Associations for Rheumatology (EULAR).

Une étude randomisée versus placebo sur 6 mois

Une équipe de chercheurs de l'université Monash de Melbourne a recruté 97 patients âgés de 40 à 75 ans, souffrant d'une douleur autodéclarée d'au moins 40 sur une échelle de 100, d'une synovite confirmée par IRM et d'autres signes radiologiques d'arthrose dans au moins une articulation de la main. Les participants ont été randomisés entre le méthotrexate et le placebo, le médicament étant administré à raison de 10 mg/semaine pendant les 4 premières semaines, puis de 20 mg/semaine par la suite.

Les scores de douleur étaient en moyenne de 63 à l'inclusion et la moitié des patients présentaient un score radiologique Kellgren-Lawrence de 3/4. L'âge moyen était d'environ 62 ans, la durée de la maladie était en moyenne de 7 ans et environ deux tiers des patients étaient des femmes.

Comme c'est généralement le cas dans les essais sur l'arthrose, le groupe placebo a également montré un certain degré de soulagement de la douleur - les scores moyens ont baissé de 7,7 points - mais la baisse a été significativement plus importante avec le méthotrexate, soit 15,2 points au 6e mois (p<0,05).

Une amélioration nette du handicap

L'évaluation du fardeau global de la maladie à l'aide de l'Australian/Canadian OA Hand Index (AUSCAN), qui couvre également la raideur et la fonction physique ainsi que la douleur, a montré un avantage encore plus grand pour le méthotrexate. Souffrant de scores moyens d'environ 240 au départ, le groupe placebo n'a connu qu'une légère amélioration, tandis que le méthotrexate a entraîné une baisse de quelque 60 points.

Les taux d'événements indésirables étaient similaires entre les groupes, seule l'élévation modérée des enzymes hépatiques étant plus fréquente avec le méthotrexate (17 vs 10 patients, soit 62% vs 59,6%).

Une étude perturbée par la Covid-19

Tel qu’en eux-mêmes, les résultats ne montrent qu’une amélioration modérée de la polyarthrose mais l’étude, qui pour une fois s’adressait à la bonne population, a été perturbée par la pandémie Covid-19.

Conçu en 2017, l'essai devait initialement durer deux ans et inclure des résultats radiologiques. Mais lorsque la pandémie s’est déclarée mars 2020, les chercheurs ont jugé sage d'arrêter le méthotrexate, par crainte qu'il n'aggrave une éventuelle Covid-19. Lorsque l'étude a repris en novembre 2020, la période de traitement a été limitée à 6 mois et les résultats n'ont été suivis qu'à distance, sans qu'aucune imagerie ne soit réalisée.

Il paraît intéressant de reprendre cette étude dans cette population spécifique car les résultats des différentes études sont trop discordants pour généraliser ce traitement en l’état, y compris dans les formes les plus inflammatoires.