Un pharmacien mis en examen
Subutex : enquête sur un trafic de 25000 ordonnances
Un pharmacien de Moselle vient d'être mis en examen. Il est soupçonné d'avoir participé à un trafic de Subutex. Un produit de substitution aux opiacés dont la délivrance est très encadrée.
« Infraction à la législation sur les substances ou plantes vénéneuses classées comme stupéfiants et escroquerie à la CPAM ». Voilà ce qui est reproché à un pharmacien d’une petite ville de Moselle. Après une garde à vue, il a donc été mis en examen pour trafic de Subutex, un produit de substitution à l’héroïne.
Ce pharmacien de Hombourg-Haut est soupçonné d’avoir profité des pratiques du Dr Jacques Furlan. Ce dernier a été mis en examen en octobre dernier après avoir prescrit entre mars 2011 et avril 2013 près de 25 000 ordonnances de Subutex à 285 patients.
De son côté, l’Agence régionale de santé avait mené l’enquête dans la pharmacie mosellane et constaté des « dysfonctionnements », comme des incohérences dans les dates de délivrance de médicaments par rapport à celles des ordonnances. Le pharmacien aurait également délivré plusieurs traitements de substitution en une seule fois, ce qui est interdit.
Le pharmacien comme le médecin conteste les faits. L’avocat du pharmacien reconnaît que son client a pu commettre des erreurs de gestion. Et de son côté, le généraliste avait indiqué qu’il était l’un des seuls médecins du département à prendre en charge des héroïnomanes, ce qui, selon lui, expliquerait le nombre impressionnant de prescriptions.
Un produit à la prescription très encadrée
La prescription de Subutex répond à des règles précises. La prescription est limitée à 28 jours. Mais les produits ne sont ensuite délivrés que de façon fractionnée, d’une durée maximale de 7 jours. Par ailleurs, le médecin doit contacter le pharmacien (désigné par l’assuré) avant de rédiger sa prescription, et le nom du pharmacien doit être mentionné sur l’ordonnance. Enfin, compte-tenu des risques d’abus, de dépendance et d’usage détourné, mais aussi de trafic, un plan de gestion de risques a ainsi été mis en place en 2006 par l’Agence nationale de sécurité du médicament.