Modélisation 3D de sa colonne vertébrale
Richard III n’était pas un "crapaud bossu", il souffrait de scoliose
Le roi britannique Richard III, « crapaud bossu » chez Shakespeare, n’était pas du tout difforme. Selon une récente étude, il souffrait d’une scoliose sans impact sur son apparence.
L’un des rois les plus détestés d’Angleterre livre ses derniers secrets. Shakespeare lui-même en avait fait un « affreux crapaud bossu », mais Richard III était loin de la difformité. Une étude, parue ce 30 mai dans The Lancet, rétablit la vérité sur le dernier roi Plantagenêt… qui ne ressemblait en rien au monstre esquissé par Shakespeare.
Une scoliose marquée et en rotation
Grâce aux ossements de Richard III, découverts en 2012 sous un parking de Leicester, la médecine peut enfin donner un nom aux légendes qui couraient sur le roi. Une équipe de l’université de Leicester est parvenue à modéliser en 3D la colonne royale à l’aide de CT scans et d’une reconstitution digitale de chaque os. « Même si la scoliose a l’air impressionnante, elle n’a probablement pas causé de difformité physique majeure », conclut le Dr Jo Appleby, qui a participé à la modélisation.
Exit donc le roi bossu : la scoliose de Richard III était plutôt équilibrée. Sa colonne s’incurve vers la droite et présente une rotation. Son épaule droite était plus haute que la gauche, mais sans réel impact sur sa posture. Selon les modélisations, il avait la tête et le cou droits. Habillé, il n’y aurait eu aucun signe de sa maladie, estiment les chercheurs. « Une courbe de 65-85 [qui évalue la déformation de la colonne] n’aurait pas empêché Richard d’être quelqu’un d’actif, et il n’y a aucune preuve qu’il boitait puisque la courbe est équilibrée et les os de ses jambes étaient normaux et symétriques », affirme le Dr Appleby.
Cliquez pour faire pivoter la colonne vertébrale (Copyright : Université de Leicester)
« Avenant de personne et de corps »
Selon les chercheurs, la scoliose du roi Richard III s’est vraisemblablement développée lors de ses dernières années de croissance. Sans problème à la colonne, il aurait mesuré 1,72 m, soit la moyenne pour un homme au Moyen Âge. « L’examen des restes de Richard III montre qu’il avait une scoliose, ce qui confirme donc que la description shakespearienne d’un « affreux crapaud bossu » est une invention complète – et une preuve de plus que, si les pièces sont des drames splendides, elles tiennent bien plus de la fiction que des faits », commente le Dr Phil Stone, détenteur d’une chaire à la Société Richard III. « L’histoire nous dit que Richard III était un grand guerrier. Il est clair que son problème de colonne l’a peu gêné, et les rapports sur son apparence, écrits lorsqu’il était en vie, disent qu’il était « assez avenant de personne et de corps » ou encore qu’il était « le plus bel homme dans la pièce après son frère, Edouard IV », ajoute-t-il.