Oncologie

Dépression et cancer : l'exercice physique aérobie réduit les symptômes

Une méta-analyse de 25 essais cliniques randomisés montre que l'activité physique aérobie diminue significativement les symptômes dépressifs chez les adultes atteints de cancer, à court et à long terme.

  • Jaime Grajales Benjumea/istock
  • 12 Oct 2024
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    La dépression est un problème fréquent chez les patients atteints de cancer, avec une prévalence estimée entre 13 % et 27 %, soit 2 à 3 fois supérieure à celle de la population générale. Cette comorbidité a des conséquences délétères sur la qualité de vie, l'observance des traitements et même la survie des patients. L'activité physique aérobie est reconnue comme une stratégie efficace pour gérer la dépression dans la population générale, mais son efficacité spécifique chez les patients cancéreux restait à confirmer.

    Une méta-analyse, regroupant les données de 25 essais cliniques randomisés totalisant 1 931 participants, démontre que l'activité physique aérobie est associée à une réduction significative des symptômes dépressifs chez les adultes atteints de cancer, à la fois à court terme (dans le mois suivant la fin de l'intervention) et à long terme (entre 6 et 12 mois après l'intervention). Les résultats sont publiés dans The JAMA Network.

    Une réduction significative des symptômes dépressifs

    Les résultats de cette méta-analyse sont éloquents. Les participants qui suivent un programme d'activité physique aérobie (marche, jogging et cyclisme en individuel ou en groupe) ont une diminution significative des scores de dépression auto-déclarés comparativement aux groupes témoins, qui recevaient les soins usuels, étaient sur liste d'attente, recevaient un contrôle d'attention ou n'avaient aucune intervention.

    Les résultats montrent que la différence moyenne standardisée (DMS) à court terme est de –0,38 (IC à 95 % : –0,59 à –0,18 ; p < 0,001), indiquant une réduction modeste mais significative des symptômes dépressifs. L'hétérogénéité entre les études était modérée (I² = 76 %), suggérant une certaine variabilité dans les résultats.

    À long terme, les bénéfices de l'APA persistent, avec une DMS de –0,32 (IC à 95 % : –0,60 à –0,04 ; p = 0,03 ; I² = 31 %). En revanche, à moyen terme (entre 1 et 6 mois après l'intervention), la réduction des symptômes dépressifs n'était pas significative (DMS de –0,27 ; IC à 95 % : –0,60 à 0,06 ; p = 0,10 ; I² = 0 %). Aucun effet indésirable majeur lié à l'APA n'a été rapporté, ce qui suggère une bonne tolérance de cette intervention chez les patients cancéreux.

    Une méta-analyse sur des études randomisées

    Les données analysées proviennent de 25 essais cliniques randomisés de bonne qualité ce qui confère une bonne robustesse aux résultats. Parmi ces études, 40 % présentaient un faible risque de biais selon l'outil d'évaluation Cochrane, renforçant la fiabilité des conclusions. Les interventions d'activité physique aérobie étaient variées, recouvrant la marche, le jogging, le cyclisme, et se déroulaient dans différents contextes : supervisées ou non, en groupe ou individuellement, en présentiel ou à distance. Cette diversité reflète la flexibilité de l'APA et sa possibilité d'adaptation aux préférences et aux capacités des patients.

    Malgré une hétérogénéité dans les types de cancer (sein, poumon, prostate, hémopathies malignes) et les stades de la maladie (non métastatique et métastatique), les bénéfices de l'activité physique aérobie sur la dépression sont constants, suggérant une applicabilité large de cette intervention.

    Cependant, des limitations existent, notamment l'absence de données chez les enfants et les patients en soins palliatifs, ainsi que le manque de précision sur certains facteurs confondants potentiels, tels que l'utilisation concomitante d'antidépresseurs ou l'existence de troubles dépressifs antérieurs.

    Les auteurs soulignent donc la nécessité de poursuivre les recherches pour déterminer l'efficacité de l'activité physique aérobie en combinaison avec d'autres stratégies thérapeutiques, et pour évaluer son impact dans des populations moins étudiées. Ces résultats encouragent également les professionnels de santé à intégrer l'activité physique aérobie dans la prise en charge globale des patients atteints de cancer, comme moyen accessible et peu coûteux de réduire les symptômes dépressifs.

    En pratique : Dans cette cette méta-analyse, l'activité physique aérobie est associée à une réduction faible mais statistiquement significative des symptômes dépressifs chez les adultes atteints de cancer, ce qui fournit des preuves plus solides pour soutenir les recommandations existantes de promouvoir l'activité physique aérobie dans ce contexte. L'activité physique aérobie devrait être encouragée chez les adultes atteints de cancer pour réduire les symptômes dépressifs, en tenant compte de leurs capacités et préférences individuelles. Les professionnels de santé ont un rôle clé à jouer pour promouvoir cette approche comme composante essentielle de la prise en charge du cancer.

     

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