Infectiologie
Rougeole : le lent déclin de la protection du vaccin ROR impose la vaccination généralisée
Une étude de modélisation en Angleterre suggère une légère diminution de l'efficacité du vaccin ROR contre la rougeole au fil du temps, bien que la protection reste très élevée. Maintenir une couverture vaccinale élevée dans la population reste donc essentiel pour prévenir les épidémies.
- Bilanol/istock
Le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) est reconnu comme le moyen le plus efficace de prévenir la rougeole, protégeant plus de 95 % des personnes vaccinées à vie. Cependant, une étude récente publiée dans The Lancet Public Health montre une légère augmentation des cas de rougeole chez les personnes doublement vaccinées en Angleterre, passant de 1,9 % en 2011 à 7,2 % en 2019.
Les chercheurs attribuent partiellement cette augmentation à une très légère diminution de l'efficacité vaccinale, estimée à environ 0,04 % par an. Bien que cette baisse soit infime, elle pourrait influencer la propagation de la maladie dans les populations où la couverture vaccinale est insuffisante.
Une étude de modélisation
Les auteurs de l'étude ont modélisé trois scénarios pour évaluer les raisons de cette augmentation des cas chez les vaccinés. Les deux scénarios intégrant un déclin progressif de l'immunité vaccinale ont montré une correspondance plus proche avec les données réelles observées entre 2010 et 2019. Le déclin est minime : pour une personne vaccinée en 1995, l'efficacité du vaccin resterait à 99,6 % à 15 ans, 98,8 % à 35 ans et 98,4 % à 45 ans.
Ce léger affaiblissement ne remet pas en cause l'efficacité globale du vaccin, mais il pourrait expliquer une augmentation marginale des cas parmi les vaccinés. Dans les rares cas où des personnes vaccinées contractent la rougeole, les symptômes seraient généralement plus légers, mais la capacité à transmettre le virus resterait significative, avec un risque de transmission estimé à 83 % de celui des personnes non vaccinées.
Une modélisation mathématique
Les résultats proviennent d'une modélisation mathématique basée sur des données de rougeole en Angleterre entre 2010 et 2019. L'étude a inclus trois scénarios pour tester l'hypothèse du déclin de l'immunité : l'absence de déclin, un déclin progressif à partir de l'âge de cinq ans, et un déclin pour les personnes vaccinées avant l'éradication de la rougeole en 2000. Les deux scénarios avec déclin correspondent mieux aux données réelles.
L'étude présente toutefois des limites, notamment l'absence de prévision d'épidémies futures et une simplification des facteurs influençant la propagation de la rougeole. De plus, les changements dans les pratiques de dépistage pourraient avoir augmenté la proportion de cas identifiés chez les personnes vaccinées.
En termes de pratique médicale, les résultats suggèrent que, bien que la baisse de l'immunité vaccinale soit un facteur, la principale cause des épidémies récentes reste la diminution de la couverture vaccinale. La modélisation de l'étude met en lumière l'importance de maintenir une couverture vaccinale supérieure à 95 % pour prévenir les épidémies. Des études futures pourraient explorer plus en détail les implications de ce déclin immunitaire dans d'autres pays et examiner l'opportunité d'une stratégie vaccinale de rappel chez les adultes.
Le vaccin ROR reste une mesure extrêmement efficace contre la rougeole, mais une légère diminution de l'efficacité au fil du temps pourrait expliquer une augmentation des cas chez les personnes doublement vaccinées. La meilleure protection reste une couverture vaccinale élevée à l'échelle de la population.