Pneumologie

BPCO : le bon moment pour adresser les patients en soins palliatifs

Des critères pour identifier le moment auquel adresser les patients BPCO à un spécialiste des soins palliatifs ont été élaborés par un groupe d’experts. Ces critères vont permettent aux praticiens de déterminer le bon moment pour évoquer la discussion et entamer cette démarche avec leurs patients ainsi que leurs proches. D’après un entretien avec Chloé PROD’HOMME.

  • 19 Sep 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en août 2024 dans Thorax, a établi un consensus permettant d’adresser les patients atteints de BPCO au bon moment en soins palliatifs.  Les auteurs, tous experts renommés en médecine palliative, sont partis du constat que les soins palliatifs étaient une pratique courante et largement utilisée en cancérologie mais que la démarche pour les patients souffrant d’insuffisance d’organe, et notamment de BPCO, ne faisait pas l’objet de consensus facilitant la pratique quotidienne des pneumologues. Une étude Delphi a donc été menée auprès d’experts internationaux. Au total, 57 sujets ont répondu à 81 critères dont 17 ont été retenus pour établir le consensus. Le critère était considéré comme majeurs lorsqu’il justifiait à lui seul un passage en soins palliatifs.

     

    Un travail de cliniciens  experts sur le sujet

    Le docteur Chloé PROD’HOMME, Maitresse de conférences et praticien hospitalier en Médecine Palliative, à l’Institut Cœur-poumon du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, félicite la qualité de ce travail, réalisé par des auteurs réputés internationalement dans le monde des soins palliatifs. Elle estime que ce sujet est très pertinent puisque les soins palliatifs précoces sont largement connus et employés en oncologie mais nécessitent un déploiement plus important dans les insuffisances d’organes comme la BPCO, l’insuffisance cardiaque ou encore l’insuffisance rénale. Pour elle, c’est une question majeure qui se pose quotidiennement.  Ce consensus international est issu d’une méthodologie solidement menée. Chloé PROD’HOMME regrette seulement que peu de place ait été laissée aux professionnels paramédicaux ainsi qu’aux familles et aux patients car, pour elle, le recueil de l’avis du grand public est fondamental.

     

    Choisir le bon moment pour entamer la discussion

    Chloé PROD’HOMME souligne que l’intérêt de ce travail est qu’il met est évidence pas seulement des critères pronostiques mais aussi symptomatiques, ce qui évite de rester uniquement dans un argument de temporalité lorsque l’on parle de soins palliatifs. Les besoins du patient sur le plan somatique ou psychosocial, la difficulté des familles ou l’existence d’un souhait de hâter sa mort font ainsi parti des critères majeurs pour solliciter les soins palliatifs. Les experts ont également retenu des critères relatifs à l’utilisation des services de santé tel que les hospitalisations réitératives. Ces critères, qualifiés de majeurs et mineurs, sont facilement utilisables en pratique quotidienne. Les critères mineurs peuvent constituer une sorte d’alerte pour le pneumologue, afin de favoriser des discussions plus approfondies avec le patient sur ses besoins symptomatiques ou ses souhaits vis-à-vis des soins engagés ou de sa fin de vie, avant même de faire appel à une équipe spécialisée. .

     

    En conclusion, ce travail a un aspect pédagogique très intéressant puisqu’il aide à repérer des alertes, au cours de la trajectoire de soin d’un patient atteint de  BPCO, qui peuvent aider à orienter vers les soins palliatifs et à commencer cette démarche plus précocement. Les critères proposés, à la fois, pronostiques et symptomatiques font sens.

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