Cardiologie
Myocardite post-vaccination Covid-19 à ARNm : risque faible et bon pronostic à long terme
La myocardite post-vaccination Covid-19 à ARNm reste une complication rare et son pronostic reste bon à long terme, particulièrement chez les jeunes hommes.
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Plusieurs études épidémiologiques ont confirmé un risque accru de myocardite peu après la vaccination avec les vaccins Covid-19 à ARNm BNT162b2 et ARNm-1273, principalement chez les jeunes adultes et après la deuxième dose. Par ailleurs, une infection par le SARS-CoV-2 survenue au cours du mois précédent a été associée à un risque de myocardite. En France, sur les millions de doses de vaccins Covid-19 à ARNm administrées, la myocardite post-vaccination reste un événement rare.
Dans une étude nationale française incluant 4635 cas de myocardite au cours de la période pandémique, les 558 patients ayant développé une myocardite après la vaccination Covid-19 ont un risque significativement réduit d'événements cardiovasculaires graves à 18 mois par comparaison aux myocardites conventionnelles (HR 0,55 ; IC 95 %, 0,36-0,86). L’étude est publiée dans The JAMA.
Faible risque de réhospitalisation et de décès
Les patients atteints de myocardite post-vaccinale ont été moins souvent hospitalisés, toutes causes confondues (wHR, 0,69 [IC à 95 %, 0,50-0,94]) que ceux souffrant de myocardite classique, alors qu'aucune différence n'a été observée avec la myocardite post-Covid-19.
Dans la présente étude, aucun patient souffrant de myocardite postvaccinale n'a reçu de transplantation cardiaque et 2 (0,4 %) ont nécessité une oxygénation par membrane extracorporelle, ce qui est cohérent avec d'autres études.
La mortalité est restée faible chez les patients avec myocardite post-vaccination (1 cas soit 0,2 %, par myocardite après oxygénation par membrane extracorporelle) par rapport à 1,3 % pour les myocardites conventionnelles. Les réhospitalisations pour myopéricardite et autres événements cardiovasculaires sont également moins fréquentes chez les patients post-vaccination. La prise en charge médicale à long terme, bien que comparable entre les groupes, souligne la nécessité d'un suivi médical.
Une étude nationale française
Il s’agit d’une étude de cohorte nationale française qui a utilisé les données du Système National des Données de Santé (SNDS) couvrant 67 millions de résidents. Les patients étaient âgés de 12 à 49 ans, hospitalisés pour myocardite entre décembre 2020 et juin 2022.
Trois groupes ont été comparés : myocardite post-vaccination Covid-19 à ARNm, myocardite post-Covid-19, et myocardite conventionnelle, avec une standardisation pour garantir des comparaisons équitables.
En pratique, une d’adaptation des recommandations
Avec des millions de doses de vaccins administrées en France, la myocardite post-vaccination reste rare comparée aux myocardites post-infection Covid-19, qui sont plus fréquentes et associées à un risque plus élevé de complications. Les patients atteints de myocardite post-vaccinale ont eu moins d'événements cardiovasculaires graves que ceux souffrant de myocardite d'autres origines au bout de 18 mois de suivi. Cependant, les patients affectés, principalement des jeunes hommes en bonne santé, peuvent nécessiter une prise en charge médicale jusqu'à plusieurs mois après leur sortie de l'hôpital.
Les recommandations de l'American Heart Association et de l'American College of Cardiology conseillent aux patients souffrant de myocardite d'être associés à une abstention de sport de compétition pendant 3 à 6 mois et d'avoir leur pathologie réévaluée avant la reprise du sport. La myocardite chez les athlètes est un problème qui fait progresser l'attention, principalement en raison du risque particulier de mort subite d'origine cardiaque qu'elle présente.
Ces résultats devraient rassurer sur la sécurité des vaccins à ARNm et encourager la vaccination, en particulier dans les groupes à risque. La surveillance des patients après une myocardite post-vaccination reste essentielle pour optimiser leur prise en charge à long terme. Ces résultats devraient être pris en compte dans les recommandations futures concernant les vaccins à ARNm, en particulier pour mieux informer les patients potentiellement réticents à se faire vacciner.