Pneumologie

Le Tirzepatide : une belle évolution médicamenteuse dans le Syndrome d’apnées Hypopnées au cours du sommeil (SAHOS)

Le Tirzepatide pourrait représenter un des traitements médicamenteux des apnées obstructives associées à l'obésité. Cette nouvelle approche rentre dans le cadre de l’évolution de la prise en charge du SAHOS  des patients obèses, dont l’adhérence au traitement par PPC est loin d’être optimale. D’après un entretien avec Jean-Claude MEURICE.

 

  • 08 Aoû 2024
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    Une étude, accompagnée de son éditorial, dont les résultats sont parus en juillet 2024 dans le New England Journal of Medicine, a  montré l’efficacité du Tirzepatide dans le SAHOS des sujets obèses. Ce travail s’est articulé en deux essais contrôlés randomisés, de phase 3, en double aveugle. Tous les patient inclus étaient atteints de SAHOS modéré à sévère et d’obésité. Le premier essai incluait les patients qui ne recevaient pas de traitement par PPC, le second essai incluait ceux qui bénéficiaient d’une PPC. Chaque essai a reparti les patients en deux groupes égaux dont l’un a reçu 10 ou 15 mg de Tirzepatide et l’autre un placebo, pendant 52 semaines. Le critère d’évaluation principal était la variation de l’index apnée/ hypopnée. Les critères d’évaluation secondaires comprenaient la variation du poids, la modification de la charge hypoxique, les troubles du sommeil, la CRP et la pression artérielle systolique.

     

    L’approche médicamenteuse est une option intéressante

    Le professeur Jean-Claude MEURICE, chef du service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers, explique que l’évaluation de ce médicament s’intègre dans une période particulière qui est celle qui, depuis 5 ans, s’attelle à la recherche d’un médicament efficace sur le SAHOS. En 2023, les effets potentiels d’une association de molécules noradrénergiques et anti-muscariniques, ou de molécules inhibitrices de l’anhydrase carbonique ont fait l’objet de plusieurs études présentées lors de l’ATS, renouvelées cette année en 2024, dont l’une d’entre elles a été réalisée par l’un des auteurs du travail qui vient d’être publié dans le NEJM. L’effet sur l’adhérence des patients au traitement a été évalué, qu’il soient apnéiques ou  non, avec ou sans PPC. Cette adhérence à un an était de 50%. L’abandon de la PPC était toutefois moins fréquente chez les patients qui avaient un diabète associé. Jean-Claude MEURICE précise que c’est dans ce contexte que s’inscrit cet essai, Tirzepatide versus placebo. Les résultats de cette nouvelle étude, ont montré une évolution favorable sur les troubles respiratoires nocturnes des patients ayant reçu le Tirzepatide avec un effet très satisfaisant sur la charge hypoxique, reflet du risque cardio-vasculaire, sur l’inflammation et sur la qualité du sommeil. Une baisse significative de 50% de l’index apnée/hypopnée a été observée, avec, en plus, une réduction pondérale importante. Jean-Claude MEURICE évoque le fait que cette efficacité peut être attribuée à l’importance de la perte de poids. Il souligne que cette approche médicamenteuse est intéressante, surtout quand on sait que la PPC est abandonnée dans 50% des cas à 3 ans et que les dernière études publiées ne semblaient pas retrouver d’effet bénéfique sur la réduction du risque cardio-vasculaire.

     

    De nouvelles stratégies thérapeutiques pour le SAHOS

    Jean-Claude MEURICE précise que le recul de ces résultats n’est que d’une année, ce qui ce qui est insuffisant pour évaluer définitivement l’influence de ce traitement sur la morbi mortalité cardio-vasculaire. Ce médicament peut être donné seul ou accompagné des autres prises en charge du SAHOS. L’ATS fait une présentation d’une nouvelle stratégie thérapeutique incluant l’orthèse d’avancée mandibulaire, les traitements positionnels, les traitements médicamenteux et en dernier lieu la PPC, si les autres propositions sont inefficaces. Toutefois, Jean-Claude MEURICE estime que la PPC reste actuellement le traitement de référence à proposer mais que l’avenir se tourne vers de nouveaux traitements, dont l’objectif est surtout d’optimiser la réduction du risque cardio-vasculaire. Il rappelle qu’aujourd’hui la PPC est proposée à 90% des patients alors que l’orthèse d’avancée mandibulaire ne concerne que 30 000 nouveaux patients en France, ce qui est disproportionné.

     

    En conclusion, cette étude s’intègre dans une belle évolution de la prise en charge du SAHOS, en suivant les objectifs d’une amélioration de l’adhérence des patients au traitement et d’une diminution sensible du risque cardio-vasculaire. Une dynamique qui semble se poursuivre par les communications de l’ATS

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