Infectiologie
Covid-19 : pataquès administratif, monopole de fait sur la vaccination et risque de pénurie
Avec la fin progressive des contrats européens sur les vaccins, Pfizer-BioNTech se retrouve de facto en position de monopole sur un contrat renégocié à la baisse du nombre de doses. Moderna dispose de millions de doses d’un vaccin adapté XBB.1.5, mais soumises à des procédures administratives lentes. Dans ces conditions la pénurie est une possibilité cet automne.
- Natali_Mis/istock
Alors que les infections à SARS-CoV-2 remontent actuellement, à tel point que le Ministère de la Santé a avancé au 2 octobre le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19, le seul vaccin à ARNm disponible sur le portail de commande est celui de Pfizer-BioNTech. Le vaccin protéique de Sanofi est disponible en seconde intention en alternative aux vaccins à ARNm et celui de Novavax, également protéique XBB.1.5 est annoncé en seconde intention).
Pas de vaccin à ARNm de Moderna anti-XBB.1.5 actuellement accessible à la commande donc, alors que des millions de doses sont prêtes et qu’elles le sont dans un format plus pratique : le vaccin Moderna est désormais disponible en flacon unidose. Pourquoi ? La faute à un pataques administratif dont seules la France et l'Europe ont le secret.
Retour vers le droit commun
À ce stade, Pfizer-BioNTech est le seul fabriquant de vaccin à ARN messager disposant d’un contrat encore en cours avec la Commission Européenne (ces contrats se terminent progressivement) : il a été renégocié par l’Europe au printemps pour réduire les livraisons de doses prévues en les étalant sur 4 ans. Mais aucun contrat Européen n’a été renouvelé avec Moderna, même si des négociations seraient encore en cours.
Parallèlement, Moderna suit une procédure de « droit commun » qui permet aux officines de commander des vaccins hors stock d’État. C’est la procédure habituelle des médicaments remboursés par l’Assurance Maladie. Mais, alors que le nouveau vaccin Moderna anti-XBB.1.5 a été homologué par l’Europe, il vient seulement d'obtenir le feu vert de la Commission de Transparence en France et il doit encore négocier son prix avec le Comité Économique des Produits de Santé (CEPS).
Une situation ubuesque
Un monopole Pfizer-BioNTech donc, alors que la Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS) a validé en août les 2 vaccins à ARNm, que la Direction Générale de la Santé (DGS) comptait sur la présence du vaccin Moderna pour éviter tout risque de pénurie et que l’État français souhaitait un retour au droit commun pour l’accès au marché de ces vaccins via une AMM…
Comme d’habitude en France et en Europe, on est à la traîne pour inventer, mais pour les procédures administratives, il existe un véritable « génie paperassier ».
Espérons que l’épidémie de Covid-19 de cet hiver sera modérée, ou débutera lentement, parce qu’avec seulement 2,5 millions de doses disponibles actuellement et 13,5 d’ici novembre, cela sent la pénurie administrativement programmée.