Tabagisme environnemental
Le tabac froid aussi dangereux que la cigarette
Le tabagisme passif n'est pas le seul effet collatéral de la cigarette. La fumée se dépose aussi sur les surfaces. Ce tabagisme environnemental est aussi néfaste que le fait de fumer.
Le tabac froid sent fort, s'incruste partout.. et il est très toxique. Vivre dans l'ancien logement d'un fumeur peut s'avérer aussi dangereux que fréquenter un fumeur. Une étude, parue ce 31 janvier dans PLOS ONE révèle que le tabagisme environnemental a les mêmes effets sur la santé que le tabagisme passif. Il désigne la fumée de tabac qui se dépose à la surface des objets et s'incruste dans les murs, les sols et les vêtements. Selon les chercheurs de l'université de Riverside-Californie (Etats-Unis), ses effets cancérogènes seraient équivalents à ceux liés au tabagisme classique.
Murs, sols et surfaces contaminés
On parle de tabagisme passif lorsqu'un non-fumeur respire la fumée exhalée par un fumeur et les substances qui s'échappent d'une cigarette allumée. Le tabagisme environnemental se réfère au fait d'inhaler les dépôts de fumée déposés à la surface des objets, sur les murs et les sols. Cette fumée, en vieillissant, devient de plus en plus toxique. Lorsqu'elle est de nouveau émise dans l'air, elle entraîne des niveaux d'exposition aux agents cancérigènes aussi forts que lorsqu'on fume une cigarette. Autre point noir : elle s'incruste en profondeur. Il est donc possible de souffrir du tabagisme environnemental si on emménage dans un domicile où vivait un fumeur.
Pourtant, jusqu'alors, aucune étude ne s'était penchée sur la question. « Nous avons étudié, chez la souris, les effets du tabagisme environnemental sur plusieurs organes, dans des conditions de simulation d'une exposition humaine. Nous avons découvert des dommages significatifs sur le foie et les poumons », résume le Dr Manuela Martins-Green, auteur principal de l'étude.
Poumons et foie sont affectés
De multiples organes sont atteints par le tabagisme environnemental, et les carcinogènes présents dans l'environnement sont aussi élevés chez les souris qui y sont exposées que chez des enfants exposées à un tabagisme passif. Les conséquences sur la santé sont nombreuses. Les niveaux de lipides sont accrus dans le foie, de même que la stéatose hépatique non-alcoolique (présence de graisse dans le foie chez des personnes qui ne consomment pas ou peu d'alcool).
Ce sont des précurseurs de cirrhose et de cancer, qui contribuent aussi à la survenue de maladies cardiovasculaires. Le tabagisme environnemental favoriserait aussi la survenue d'un diabète de type 2 chez des souris de corpulence normale. Les poumons sont aussi touchés par les dépôts de tabac dans l'environnement : la production de collagène est doublée, et les cytokines (hormones du système immunitaire) sont enflammées. Cela favorise la formation de fibroses, avec en conséquence des risques accrus de maladies liées à l'inflammation - comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou l'asthme.
Une menace pour les familles
La guérison des plaies est également plus lente chez les souris exposées au tabagisme environnemental. Cela correspond à ce qu'on observe chez les fumeurs qui ont subi une opération chirurgicale.
Enfin, les tests du comportement ont révélé que les souris développent une hyperactivité : elles restent moins immobiles, ont tendance à plus marcher et se dresser sur leurs pattes. « Ces dernières données, combinées à l'émergence de troubles du comportement chez les enfants souffrant de tabagisme passif ou environnemental, suggère qu'à cause une exposition prolongée, il existe un risque significatif de développer plus tard des troubles neurologiques sévères », estime le Dr Martins-Green.
Cette forme émergente de tabagisme passif menace la santé des travailleurs au sein d'un milieu où la cigarette est autorisée, mais aussi des époux et des enfants de fumeurs. « Les enfants qui vivent dans un environnement où la cigarette est, ou a été, autorisée sont exposés à un risque significatif de problèmes de santé à court et à long terme, dont la plupart pourrait ne pas se manifester avant longtemps », signale le Dr Martins-Green. On l'observe déjà sur le court-terme : les enfants dont un ou deux parents fument en leur présence sont 40% plus absents de l'école pour cause de maladie.