Intelligence artificielle

L'IA peut-elle prédire les accidents cardiaques ?

Des chercheurs ont développé une intelligence artificielle capable d’identifier, dans plus de 70 % des cas, les patients susceptibles de subir un arrêt cardiaque dans les deux semaines à venir. Quels en sont les signes avant-coureurs ?

  • Shisanupong Khankaew / istock
  • 08 Avr 2025
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    Chaque année, plus de cinq millions de personnes succombent à une mort subite d'origine cardiaque à travers le monde, dont environ 60.000 en France. Un drame souvent imprévisible, qui frappe sans signes avant-coureurs apparents, quel que soit l’âge ou la condition physique. Mais une équipe de scientifiques français et américains vient de franchir, grâce à l’intelligence artificielle (IA), une étape cruciale dans la prévention de ces arrêts cardiaques souvent fatals.

    Un algorithme qui imite le cerveau

    Dans une étude publiée dans l'European Heart Journal, des chercheurs de l'Inserm, de l'Université Paris Cité et de l'AP-HP, en collaboration avec Harvard et la start-up Cardiologs (groupe Philips), ont développé un réseau de neurones artificiels capable d'imiter le fonctionnement du cerveau humain. Leur objectif : détecter, grâce à l'analyse de données électrocardiographiques, les signes avant-coureurs d'une arythmie (un dysfonctionnement des battements du cœur) pouvant mener à un arrêt cardiaque dans les deux semaines suivantes.

    Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé plus de 240.000 électrocardiogrammes ambulatoires provenant de six pays, représentant plusieurs millions d'heures de battements cardiaques. L'algorithme a ainsi identifié de nouveaux signaux faibles, notamment liés au temps d'activation et de relaxation électrique des ventricules cardiaques. "En analysant le signal électrique pendant 24 heures, nous avons pu identifier les sujets susceptibles de développer une arythmie grave dans les deux semaines suivantes. Arythmie qui, sans prise en charge, peut évoluer vers un arrêt cardiaque fatal", expliquent les scientifiques dans un communiqué.

    Des patients détectés dans 70% des cas

    Les performances de l'algorithme sont prometteuses : il parvient à détecter les patients à risque dans 70 % des cas, et ceux sans risque dans 99,9 % des cas. "Ce que nous proposons ici, c'est un changement de paradigme dans la prévention de la mort subite." Alors que, jusqu'à présent, les médecins tentaient d'identifier les patients à risque à moyen ou long terme, l'IA permet désormais de prévoir ce qui pourrait survenir dans les jours, voire les heures à venir. Le modèle doit encore être validé par des essais cliniques en situation réelle, mais en cas de succès, il pourrait être intégré dans des dispositifs médicaux comme les holters cardiaques ambulatoires, voire dans des montres connectées.

    Mort subite : quels signaux six mois avant ?

    En parallèle, une étude suédoise, présentée lors du Congrès 2025 de la Société européenne de cardiologie, s’est penchée sur les cas de "syndrome de mort subite arythmique "(SADS) qui représentent 22% des morts subites d’origine cardiaque. Les auteurs ont observé que 33 % des personnes décédées avaient eu une hospitalisation ou une consultation en soins ambulatoires dans les six mois précédant leur mort. Or plus de la moitié des victimes avaient présenté des symptômes avant le décès, comme des palpitations, des syncopes (pertes de connaissance totale et brève), des vomissements ou encore des signes d'infection. Des antécédents psychiatriques ou des électrocardiogrammes pathologiques étaient aussi fréquents.

    "Une meilleure reconnaissance de ces signes lors des consultations médicales pourrait aider à identifier les jeunes à risque", estiment les scientifiques, qui appellent à intensifier le dépistage chez les jeunes, notamment les athlètes.

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    JDF

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