Fin de vie
Euthanasie, suicide assisté, sédation profonde et continue : quelles différences ?
Euthanasie, suicide assisté, sédation profonde et continue… Ces termes reviennent fréquemment lors des débats sur la fin de vie. Mais quelles sont les distinctions entre ces différents dispositifs de la fin de vie ?

- Par Sophie Raffin
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- Pornpak Khunatorn/istock
Ce mardi 8 avril 2025, la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale va commencer à examiner les deux projets de loi sur les soins palliatifs et l’aide à mourir, pour un passage des textes devant l’ensemble des députés en mai. Les termes de suicide assisté, euthanasie ou encore sédation profonde et continue risquent d’être au cœur de nombreux échanges, voire confrontations.
Mais quelle est la différence entre ces trois dispositifs de fin de vie ? Un sondage réalisé par l’institut FLASHS pour LNA Santé a démontré qu’un grand nombre de Français ne sait pas vraiment répondre à cette question. En effet, près d'une personne interrogée sur deux a admis ne pas savoir la différence entre l’aide à mourir, le suicide assisté et l’euthanasie. Et parmi eux, plus d’un quart a confié qu’ils pensaient que “cela revient au même”. Dr Caroline Pombourcq nous aide à y voir plus clair.
Euthanasie et suicide assisté : la différence vient de la personne qui administre le médicament
Si l’euthanasie active n’est actuellement pas autorisée en France, elle l’est dans six pays européens. En adoptant un texte en 2001, les Pays-Bas ont été le premier pays au monde à avoir légalisé et encadré cette pratique. Ils ont été suivis par la Belgique, le Luxembourg, l'Espagne et le Portugal.
"L’euthanasie désigne l’acte médical qui va provoquer la mort de manière intentionnelle. Il est effectué par une tierce personne dans le but de soulager des souffrances physiques ou psychologiques d’un patient, soit en agissant pour cela (médicaments…), soit (au contraire) en ne traitant pas ou plus”, explique la Dr Caroline Pombourcq. Pour les distinguer, on parle respectivement d’euthanasie active et d’euthanasie passive ou indirecte. “Bien évidemment la personne souffrante qui en bénéficie doit en avoir fait la demande", ajoute la médecin.Chez nos voisins belges où l’euthanasie a été autorisée en mai 2002, près de 4.000 personnes en ont bénéficié l’année dernière après une demande "volontaire, réfléchie, répétée" et "sans pression extérieure". Le rapport de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie précise que sur les 120 patients étrangers pris en charge, 106 étaient Français.
Certains malades français prennent également la direction de la Suisse qui autorise pour sa part le suicide assisté. Quelle est la différence avec l’euthanasie active ? “C’est la même chose sur le fond, mais là, le corps médical va donner à la personne le nécessaire (médicament) pour arriver à ses fins et mettre donc ainsi fin à sa vie. La personne se donne elle-même la mort, mais avec l’assistance d’une tierce personne (prescription d’une substance létale…). Là aussi, la personne doit bien sûr être consentante”, explique l'experte.
Sédation profonde et continue : un dispositif déjà disponible
À la différence de l’euthanasie et du suicide assistée, la sédation profonde et continue est autorisée en France depuis le texte de loi Claeys-Leonetti adopté le 2 février 2016. Dans ce cadre, il est possible d’administrer à un patient atteint d’une maladie incurable des médicaments pour l’endormir ainsi qu’un anti-douleur afin qu’il ne souffre pas. “Ici, ce n’est pas la sédation profonde et continue qui conduit au décès, mais l’évolution naturelle de la maladie”, précise le Dr Pombourcq.
Elle ajoute que ce dispositif “est mis en place sur proposition médicale ou demande du patient.” Le malade atteint d’une affection grave et incurable peut demander à bénéficier de ce dispositif si : La sédation peut être “mise en œuvre par le médecin lorsqu’il arrête un traitement de maintien en vie au titre du refus de l’obstination déraisonnable et ce même si la souffrance du patient ne peut pas être évaluée du fait de son état cérébral. La sédation profonde et continue associée à une analgésie ne peut cependant être mise en œuvre que dans le cadre d’une procédure collégiale”, précise le ministère de la Santé. Selon une étude parue dans la revue BMJ en décembre 2023 effectuée de 331 centres hospitaliers ou de soins palliatifs, la prévalence de la sédation était de 2,7 % en France. Ce qui est faible par rapport aux autres pays européens. “Au total, 156 patients ont reçu une sédation, ces patients étaient également répartis entre les types de sédation « transitoire », « durée indéterminée » et « maintenue jusqu'à la mort »”, précise les auteurs.
L’âge moyen des bénéficiaires était de 70 ans. Près de 8 patients sur 10 étaient atteints de cancers (78,8 %) et 9 sur 10 des sédations avaient été initiées à l'hôpital.