Psychologie
Toussaint : le souvenir de l’autre, une mémoire en perpétuelle évolution
Le souvenir des proches décédés évolue au fil des années, cela fait partie du processus de deuil et d’acceptation de la perte d’un être cher.
En ce week-end de la Toussaint, beaucoup fleurissent les tombes de leurs proches décédés. Ce moment est fort en émotions et en souvenirs mais, avec les années, ceux-ci évoluent. Cela fait partie du processus de deuil et d’acceptation de la perte d’un être cher.
Perte d'un proche : 70 % des endeuillés vivent des phénomènes inattendus
La perte d’un proche est une épreuve indescriptible. La douleur et la brutalité sont immenses. Selon l’Observatoire B2V des Mémoires, 70 % des endeuillés vivent des phénomènes inattendus quelques jours ou semaines suivant la perte d’un proche. Il s’agit par exemple de visions de la personne, de sensations de présence ou d’entendre sa voix. C’est un processus du deuil, qui ne relève pas de la pathologie. Néanmoins, si cela persiste, il faut en parler à un professionnel de santé.
Au début, les images qui reviennent le plus souvent peuvent être celles de la fin de vie ou de l’enterrement. Elles sont difficiles à supporter, et ne reflètent pas les souvenirs que l’on veut garder de la personne. Avec le temps, heureusement, ils laissent place à d’autres images. Il devient alors de plus en plus facile de parler de la personne, de se remémorer d’autres moments que les derniers. Le fait d’échanger, en famille, peut aussi aider à se rappeler ces temps heureux. Souvent, d’une personne à l’autre, les souvenirs ne sont pas les mêmes. Ainsi, il est possible de découvrir des choses sur la personne décédée, d’échanger les expériences et les points de vue. Cela devient agréable et moins triste.
Les souvenirs peuvent s’altérer avec le temps
Si les souvenirs deviennent agréables avec le temps, il y a néanmoins un point très négatif : ceux-ci peuvent s'altérer. Si vous ne voulez pas oublier de choses importantes, vous pouvez noter des anecdotes, des citations, des mimiques ou des habitudes du défunt. Beaucoup de proches ressentent aussi le besoin de regarder une belle photo de la personne, qui devient finalement l’image prédominante quand ils pensent à leur parent ou ami décédé.
Une étape peut être difficile : revenir sur des lieux forts ou que la personne appréciait, comme une ville, un jardin ou une maison de vacances. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à parler de ses émotions avec son entourage, à partager son ressenti. Même chose lors des visites sur les lieux de recueillement, comme le cimetière. Au fil des années, en famille, ces moments peuvent être l’occasion de se remémorer des souvenirs joyeux et de parler du défunt aux plus jeunes générations.
Deuil : "Chacun a le droit de se sentir vulnérable"
D’une manière plus générale, la parole est essentielle, à chaque fois que le besoin ou l’envie s’en font sentir. Que les échanges soient positifs ou négatifs sur la personne disparue, il faut en parler et ne pas intérioriser ses sentiments. "Le dialogue, le partage des émotions et la consolation jouent un rôle fondamental, explique le Dr Catherine Thomas-Antérion, neurologue et membre du Conseil Scientifique de l’Observatoire B2V. Bien que l’adage de Nietzsche 'ce qui ne tue pas, rend plus fort' ait ses limites, il est essentiel de reconnaître que chacun a le droit de se sentir vulnérable. Les crises peuvent effectivement déstabiliser et isoler, mais elles peuvent aussi offrir des occasions de rapprochement, de soutien et de transformation personnelle, ouvrant ainsi la voie à des opportunités de guérison que l’on n’aurait pas envisagées auparavant.” Et, bien sûr, ne jamais se retenir de pleurer car extérioriser sa peine fait partie du chemin de la reconstruction après la perte d’un être cher.