Chirurgie

Délire postopératoire : un sommeil de mauvaise qualité augmente le risque

Les personnes qui dorment mal dans le mois qui précède une opération sont plus susceptibles de présenter un état de confusion mentale.

  • Par Geneviève Andrianaly
  • Jacob Wackerhausen/iStock
  • 22 Oct 2024
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    C’est une complication fréquente des chirurgies majeures. Le délire postopératoire, survenant chez 15 % des adultes ayant subi une intervention chirurgicale, est une altération des fonctions mentales qui peut entraîner une confusion. Chez certains patients souffrant de fortes douleurs, tels qu’une fracture de la hanche, et les personnes âgées, l'incidence peut être encore plus élevée. D’autres facteurs, comme le stress et l’anxiété, peuvent aussi contribuer au risque de changement aigu et fluctuant de l'état mental.

    150 patients allant subir une anesthésie générale ont évalué leur sommeil la veille de l'opération

    Une nouvelle étude, dont les résultats ont été présentés lors du congrès annuel d’Anesthesiology 2024, a révélé une autre cause du délire postopératoire : un sommeil de mauvaise qualité. Afin de parvenir à cette conclusion, des chercheurs de l'université des sciences de la santé à Konya (Turquie) ont recruté 150 personnes ayant subi une anesthésie générale pour des interventions chirurgicales non cardiaques, principalement abdominales et gynécologiques, d'une durée supérieure à deux heures.

    La veille de l'opération, l’équipe a demandé aux patients d'évaluer la qualité de leur sommeil à l'aide de l'indice de qualité du sommeil de Pittsburgh (PSQI), qui évalue la durée du sommeil, les perturbations, l'efficacité et la qualité globale, le temps nécessaire pour s'endormir, les dysfonctionnements diurnes dus à la somnolence et l'utilisation de somnifères. Les scores pour chaque catégorie vont de 0 (aucune difficulté) à 3 (difficulté sévère), les scores totaux allant de 0 à 21. Selon les auteurs, un score de 5 ou plus indique un mauvais sommeil.

    Après l’intervention chirurgicale, ces derniers ont évalué le délire postopératoire à l'aide d’une méthode d'évaluation de la confusion en unité de soins intensifs et d’une technique d'évaluation de la confusion diagnostique en trois minutes. Ils ont vérifié les dossiers hospitaliers des participants pendant les trois jours suivant l’opération afin de détecter tout délire postopératoire.

    Délire postopératoire : un risque plus élevé de 39,66 % chez les adultes dormant mal

    D’après les résultats, 44 volontaires ont mal dormi et 11 d'entre eux (25 %) ont souffert de délire postopératoire. Les données ont aussi révélé que 106 patients ont bien dormi et 19 d'entre eux (17,9 %) ont présenté un état de confusion mentale. En comparant tous les adultes ayant souffert de délire postopératoire, le taux était 39,66 % plus élevé chez ceux ayant mal dormi que chez les personnes ayant passé une bonne nuit.

    "Les gens peuvent ne pas bien dormir parce qu'ils sont nerveux juste avant l'opération, mais il est vraiment important d'avoir le meilleur sommeil possible, en particulier pour les personnes âgées de plus de 65 ans, qui sont plus exposées au risque de délire postopératoire. Une bonne qualité de sommeil avant l'opération est cruciale pour la période de récupération", a déclaré Faegheh Miryousefiata, qui a participé aux travaux.

    Comment prévenir le délire postopératoire ?

    Ainsi, les chercheurs estiment que les médecins devraient se donner pour mission de faire savoir aux patients qu'il est important de bien dormir avant une intervention chirurgicale pour protéger leur cerveau et de leur donner quelques conseils pour améliorer la qualité de leur sommeil en général. Dans le détail, les professionnels de santé devraient leur recommander de :

    • Se coucher et se réveiller à la même heure tous les jours
    • Créer un rituel du coucher, comme lire un livre ou prendre un bain chaud
    • Garder la chambre fraîche, sombre et silencieuse
    • Éviter les téléphones, les tablettes et les ordinateurs au moins une heure avant le coucher
    • Rester actif pendant la journée, mais ne pas faire d'exercice trop près de l'heure du coucher
    • Utiliser des techniques de gestion du stress, telles que la pleine conscience ou la respiration profonde

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