Santé mentale
La solitude augmente le risque de démence d’un tiers
Le sentiment de solitude et d’isolement social reste un facteur de risque majeur dans le développement futur de la démence, selon une équipe de chercheurs.
Une nouvelle preuve que l’isolement social peut faire des ravages sur la cognition. Une étude récente, publiée dans la revue Nature Mental Health, confirme que la solitude persistante peut en effet affecter gravement le cerveau vieillissant et augmenter considérablement le risque de démence, notamment de maladies neurodégénératives comme le maladie d'Alzheimer.
La solitude comme facteur de risque de démence
Pour parvenir à cette conclusion, déjà formulée par des recherches antérieures ici et là, les scientifiques de l'Université de Limerick, en Irlande, ont compilé les données de solitude auto-déclarée et de santé neurologique de plus de 600.000 personnes à travers le monde. Ils ont constaté que les gens souffrant de solitude ont jusqu’à 31 % de risques supplémentaires de développer une forme quelconque de démence. De même, les chances de souffrir d’un déclin cognitif augmentent de 15 % chez les personnes isolées.
Selon le Dr Páraic Ó Súilleabháin, qui a participé aux travaux, ces données soulignent que la solitude, qui de fait ne pousse pas à utiliser ses fonctions cognitives, "est un facteur de risque majeur dans le développement futur de la démence, de la maladie d'Alzheimer et, plus généralement, du déclin cognitif", peut-on lire dans un communiqué. Des résultats préoccupants alors que, selon les études, pas moins de cinq millions de Français souffrent d’un sentiment de solitude.
Encourager le lien social pour réduire le déclin cognitif
Cette étude s’inscrit dans un contexte où la solitude est déjà reconnue comme un problème majeur de santé publique. En 2023, le Dr Vivek Murthy, administrateur de la santé publique des États-Unis, a décrit la solitude et l'isolement comme une véritable "épidémie" qui touche de nombreux Américains. Les effets négatifs sur la santé mentale et physique sont bien documentés, mais cette nouvelle étude renforce l’idée que la solitude peut aussi affecter gravement la santé cognitive.
Il y a néanmoins une lueur d’espoir, car "la solitude est un facteur de risque qui peut être changé", explique Dr Martina Luchetti, autrice principale de l’étude. Elle insiste sur le fait que promouvoir le lien social et combattre la solitude pourrait protéger les individus contre la démence à un âge avancé. En encourageant les interactions sociales et en luttant contre l’isolement, nous pourrions non seulement améliorer la qualité de vie quotidienne des plus esseulés, mais aussi réduire le risque de maladies neurodégénératives. Autant de raisons de tendre davantage la main à ceux qui en ont besoin.