Fertilité
Même les cycles menstruels réguliers peuvent cacher des troubles ovulatoires
Les femmes ayant des cycles menstruels réguliers d’un mois, mais avec des phases lutéales courtes ou sans ovulation, auraient notamment plus de troubles liés à la fertilité.
Nous avons tendance à penser qu'un cycle menstruel régulier de 28 jours, avec une ovulation vers le 14e jour, est synonyme de bonne santé reproductive. Mais une nouvelle étude publiée dans la revue Human Reproduction vient remettre en question cette idée reçue : la durée de la phase lutéale, c'est-à-dire le temps entre l'ovulation et les règles suivantes, peut en réalité varier considérablement, même chez les femmes en bonne santé. Ce qui n’est pas sans conséquences.
Seules 11 % des femmes ont eu des cycles ovulatoires normaux
"Nous avons découvert une grande variété de durées de la phase lutéale, même chez des femmes préménopausées en bonne santé", affirment les chercheurs de l'Université de la Colombie-Britannique, au Canada, dans un communiqué. L’étude, qui s’est déroulée sur une année entière, a suivi 53 femmes en bonne santé, avec en moyenne 13 cycles menstruels chacune. Pour y être incluses, les participantes devaient avoir au moins deux cycles consécutifs qui étaient à la fois ovulatoires et de durée normale.Les résultats ont pourtant montré que la durée de la phase lutéale – qui normalement dure 10 jours ou plus selon la méthode utilisée ici – restait imprévisible. "Fait étonnant : malgré une sélection rigoureuse, seules 6 des 53 femmes (11 %) ont eu des cycles ovulatoires normaux pendant toute la durée de l’étude", indiquent les scientifiques. En outre, 55 % des femmes ont présenté "au moins une phase lutéale courte" (moins de 10 jours) au cours de l'année - ce qui, selon l'étude, devrait alerter les spécialistes.
Un lien entre phase lutéale courte et troubles de la fertilité
D'après une méta-analyse du CeMCOR (Centre for Menstrual Cycle and Ovulation Research) publiée en 2014, les femmes ayant des cycles réguliers d’un mois, mais avec des phases lutéales courtes ou sans ovulation, subissent une perte osseuse plus importante que celles ayant des cycles ovulatoires normaux. Elles ont également plus de difficultés à concevoir. Sophia Park, médecin et professeure. à l'Université de la Colombie-Britannique, partage son expérience : "J’aurais aimé savoir que mes règles parfaitement régulières, espacés d’un mois, pouvaient cacher des troubles ovulatoires silencieux qui peuvent mener à des troubles de la fertilité." Cette étude souligne l'importance pour les femmes de connaître leur cycle ovulatoire et la durée de leur phase lutéale. "Pourquoi ? Parce que l'œstrogène, un puissant stimulateur de croissance, doit être contrebalancé. La progestérone réduit la prolifération cellulaire tout en encourageant les cellules à se développer et se spécialiser", assurent les chercheurs. Or, une phase lutéale trop courte pourrait indiquer un manque de progestérone, perturbant ainsi cet équilibre délicat et pouvant affecter la fertilité.