"Polluants éternels"
Troubles du sommeil chez les jeunes adultes : les PFAS en cause ?
Les personnes présentant des niveaux plus élevés de substances per- et polyfluoroalkylées dans leur sang ont un sommeil de mauvaise qualité.
Emballages en papier, cosmétiques, vêtements de pluie, câbles électroniques… Les substances per- et polyfluoroalkylées, également connues sous le nom de PFAS, sont omniprésents dans notre environnement en raison de leur forte persistance. Problème : ces dernières, qui sont une large famille de plus de 4.000 composés chimiques, ont des effets délétères pour les êtres humains. En effet, l’Anses rappelle que des travaux montrent un lien entre ces "polluants éternels" et un risque accru de cancer, une hausse du taux de cholestérol, des problèmes sur le développement du fœtus, sur la fertilité, le foie ou encore les reins.
4 PFAS sont liés à un sommeil plus court et de mauvaise qualité
"La contamination par les substances polyfluoroalkyles (PFAS) peut perturber le sommeil en raison d'une perturbation des fonctions métaboliques et immunitaires", ont indiqué des chercheurs américains. Pour en savoir plus sur l’association et le mécanisme potentiel entre les PFAS et le sommeil, ils ont décidé de mener une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Environmental Advances. Afin de mener à bien les recherches, l’équipe a recruté 136 jeunes adultes, âgés de 19 à 24 ans, entre 2014 et 2018 et 76 ont été réévalués entre 2020 et 2022. Pour mesurer les taux de substances per- et polyfluoroalkylées dans leur sang, les participants ont fourni des échantillons de sang à deux reprises à des années d’intervalle. De plus, ils ont répondu à des questions sur leur sommeil.Selon les résultats, sur les sept types de PFAS examinés, quatre étaient significativement associés à une durée plus courte ou à une mauvaise qualité du sommeil : PFDA, PFHxS, PFOA et PFOS. Pour les trois premiers polluants cités, les jeunes adultes dont les concentrations sanguines se situaient dans le tiers le plus élevé dormaient en moyenne environ 80 minutes de moins par nuit que ceux du tiers le plus bas. Pour le PFOS, des concentrations sanguines élevées étaient significativement liées à des problèmes auto-déclarés d'endormissement, de maintien du sommeil, de réveil ou de fatigue pendant les heures d'éveil.
7 gènes activés par les PFAS perturbent le sommeil des jeunes adultes
À partir de ces données, les auteurs ont examiné le chevauchement entre les gènes affectés par les quatre produits chimiques éternels et les gènes liés aux troubles du sommeil. Grâce aux échantillons de sang des volontaires, ils ont profilé un panel de protéines. Sur plus de 600 gènes analysés, sept activés par les PFAS semblaient influencer le sommeil.
Un facteur important était un gène immunitaire appelé "HSD11B1". D’après les scientifiques, il aide à produire l'hormone cortisol, qui joue un rôle important dans la régulation du rythme du sommeil et de l'éveil. "Si l'expression de la protéine codée par HSD11B1 est perturbée, cela signifie que les niveaux de cortisol pourraient également être perturbés. Cela, à son tour, affecte le sommeil", a déclaré Shiwen Li, auteur principal de l’étude. Un autre gène apparemment important dans l'impact des PFAS sur le sommeil, la cathepsine B, est lié aux fonctions cognitives et à la mémoire. "L'enzyme résultante est un précurseur des protéines bêta-amyloïdes, que l'on trouve dans les plaques cérébrales des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Des niveaux élevés de l'enzyme ont été liés au déclin cognitif dans la maladie d'Alzheimer, qui a ses propres liens avec les déficits de sommeil.""Étant donné que le corps a besoin de dormir tous les jours, si les PFAS interfèrent avec votre sommeil, cela peut vous affecter plus immédiatement que d'autres problèmes de santé chroniques. À long terme, un mauvais sommeil a été lié à des problèmes neurologiques et comportementaux, au diabète de type 2 et à la maladie d'Alzheimer", a conclu Shiwen Li.