Dysfonction diastolique
Cœur : les mangeurs émotionnels développent plus de lésions cardiaques
Une nouvelle étude française a récemment observé que les mangeurs émotionnels seraient plus susceptibles d’avoir des maladies cardiovasculaires. Ils seraient notamment plus exposés au risque de dysfonction diastolique.
L’alimentation émotionnelle se caractérise par une tendance à trop manger pour faire face à des émotions négatives. Ce mécanisme d’adaptation peut être utilisé afin d’atténuer le stress, la colère, la solitude ou la peur.
L’alimentation émotionnelle liée à risque accru de dysfonction diastolique
D’après une nouvelle étude publiée dans l’European Journal of Preventive Cardiology, l’alimentation émotionnelle serait associée à une augmentation des risques de troubles cardiovasculaires. Le stress pourrait particulièrement accentuer ce comportement, et donc favoriser l'apparition de lésions cardiaques.
Pour confirmer leur hypothèse, les scientifiques ont observé les données de 1.109 participants de la cohorte STANILAS. Des parents et des adolescents vivant en Lorraine entre 1993 et 1995 ont été recrutés dans le cadre de cette recherche. L’objectif a été d’observer l’association entre les comportements alimentaires chez des volontaires en bonne santé et les dommages cardiovasculaires 13 ans après le début de l’étude.
L’alimentation des sujets a été évaluée avec le Dutch Eating Behaviour Questionnaire. Pour mesurer les atteintes cardiovasculaires, les scientifiques ont observé la vitesse de l’onde de pouls carotide-fémorale. D’après les résultats, l’alimentation émotionnelle était associée à une vitesse d'onde de pouls plus élevée et à un risque accru de 38 % de dysfonctionnement diastolique, autrement dit une anomalie cardiaque fréquente, responsable de l’insuffisance cardiaque.
Manger en pleine conscience pour une meilleure santé cardiaque
Parmi les facteurs favorisants l’alimentation émotionnelle, les scientifiques ont constaté que le niveau élevé de stress expliquait 32 % de l'association entre ce comportement et la dysfonction diastolique. "Le système de récompense peut être particulièrement impliqué dans l'alimentation émotionnelle, où le fait de manger peut réduire l'anxiété et où le fait de manger des aliments réconfortants peut atténuer la réponse au stress aigu", peut-on lire dans l’étude.
Les chercheurs ont cependant observé que les mangeurs émotionnels ne consomment pas forcément de produits riches en calories lors d'une période de stress. Les aliments riches en graisses et en sucre pourraient pourtant expliquer les troubles cardiovasculaires chez ces personnes. "L'une des explications est que nous avons mesuré l'apport calorique moyen et que les mangeurs émotionnels peuvent se gaver en cas de stress et manger moins à d'autres moments. Ce schéma yo-yo peut avoir des effets négatifs sur le cœur et les vaisseaux sanguins par rapport à un apport alimentaire stable", a précisé le Professeur Nicolas Girerd, coordinateur du Centre d'investigation clinique (CIC-P) et cardiologue au CHU de Nancy (France), dans un communiqué.
Pour limiter les effets néfastes de l’alimentation émotionnelle, les scientifiques ont recommandé la mise en place de l’alimentation en pleine conscience. Pour ce faire, le mangeur émotionnel peut instaurer de nouvelles habitudes, comme par exemple, prendre son temps pour manger lors des repas sans être distrait par son téléphone ou la télévision. "Nous savons que les mangeurs émotionnels sont moins conscients de la faim et de la satiété, mais l'alimentation consciente attire l'attention sur ces sensations physiques. L'activité physique est un autre moyen d'éviter de manger de manière émotionnelle, car elle permet d'évacuer le stress et constitue une activité de remplacement (…) En résumé, utilisez les trois M pour vous débarrasser de l'habitude de manger de manière émotionnelle : bouger, méditer et manger en pleine conscience", a préconisé le Docteur Sandra Wagner, épidémiologiste nutritionnelle au CIC-P.