Étude
Les enfants ingèrent constamment des microplastiques, y compris dans l'utérus
Dans le ventre de la mère et tout au long de l’enfance, les plus petits sont particulièrement exposés aux microparticules et nanoparticules de plastique, qu'ils ingèrent à travers les biberons, les jouets, les textiles, les emballages, le lait maternel ou la poussière, selon une revue d'étude.
Le plastique est omniprésent dans notre environnement. Au point qu’il est de nos jours impossible d'éviter aux bébés d'ingérer des particules de plastique - les microplastiques, des particules minuscules, et les nanoplastiques, encore plus petites - selon les chercheurs de l'université norvégienne de sciences et de technologies (NTNU).
Microplastiques : quels effets sur la santé de l'enfant ?
Dans leur revue d’étude, dont les résultats ont été publiés en début d'année dans la revue Environmental Health Perspectives, l'équipe de chercheurs a examiné 37 articles scientifiques publiés précédemment portant sur les microplastiques et les nanoplastiques et leurs effets sur la grossesse et l'enfance. D’après leurs travaux, dans le ventre de la mère et tout au long de l’enfance, les enfants sont particulièrement exposés aux microplastiques et aux nanoplastiques.
Les microplastiques ingérés par les tout-petits proviennent notamment des biberons, des jouets, des textiles et des emballages alimentaires. Ils pourraient même se trouver dans le lait pour bébé et dans le lait maternel, selon certaines études. Ces microparticules se retrouvent également dans la poussière de la maison, au contact des enfants qui peuvent les ingérer en jouant ou en rampant sur le sol.
En plus du plastique, les microplastiques contiennent parfois des produits chimiques nocifs comme des perturbateurs endocriniens tels que des phtalates ou des métaux ajoutés pour la couleur, la stabilisation ou comme biocide afin de détruire ou inactiver les organismes nuisibles. Lorsque les microplastiques se retrouvent à l'extérieur, dans l’environnement, par exemple sous forme de particules de pneus de voiture près d’une route, la particule est souvent recouverte d’autres particules issues de la pollution de l'air et des gaz d'échappement du trafic.
Parents : réduire le plastique en contact avec ses enfants
"Les nano- et microplastiques sont si minuscules qu'ils peuvent pénétrer profondément dans les poumons et peuvent également traverser le placenta. En même temps, ils transportent avec eux des produits chimiques dangereux pendant leur voyage. C'est pourquoi nous pensons que les nano- et microplastiques peuvent présenter un risque pour la santé des enfants", a déclaré Kam Sripada, principale autrice de l’étude et chercheuse à la NTNU, dans un communiqué universitaire. "Les enfants n'ont pas un système immunitaire complètement développé et sont dans une phase très importante de leur développement cérébral. Cela les rend particulièrement vulnérables", ajoute la chercheuse.Les parents peuvent réduire la quantité de plastique à laquelle leurs enfants sont exposés en s'assurant que leur nourriture est emballée dans le moins de plastique possible, en dépoussiérant régulièrement la maison, en choisissant des produits d'hygiène contenant moins de plastique et en choisissant des matériaux de construction qui ne contiennent pas de PVC (PolyChlorure de Vinyle) ou d'autres plastiques lors des travaux de rénovation du domicile.
Les enfants plus exposés aux microplastiques que les adultes
Selon les chercheurs de la NTNU, la littérature scientifique manque de connaissances sur l'exposition des enfants aux plastiques nocifs à l'école, dans les services néonatals et par le lait maternel, les substituts du lait maternel et d'autres produits de soins pour bébés. De plus, très peu d’études n'ont tenté de déterminer la quantité de plastique réelle ingérée par les enfants. Ce déficit d’information peut en partie s'expliquer par les limites de la technologie existante pour détecter les très petites particules de plastique.
"Il est tout à fait possible que les enfants soient plus exposés aux microplastiques que les adultes, comme c’est le cas pour de nombreux autres produits chimiques toxiques pour l'environnement", avertit Kam Sripada. "Personne ne sait exactement combien de microplastique un enfant ingère. Mais plusieurs études suggèrent que les enfants d'aujourd'hui absorbent les microplastiques dans leur corps dès l'âge fœtal. C'est préoccupant", poursuit la scientifique."Les autorités et l'industrie en portent la responsabilité"
Son équipe appelle à davantage de recherches sur le niveau d'exposition des femmes enceintes à diverses substances plastiques et sur la manière dont le plastique peut être transféré au fœtus.
Les chercheurs soulignent que les autorités fédérales et locales peuvent aider à garantir que l'utilisation des plastiques dans la société est maintenue à un faible niveau. L'équipe recommande aux industries qui fabriquent divers produits en plastique destinés aux enfants et aux femmes d'être plus prudentes et de veiller à ce que leurs produits ne souffrent pas de la lixiviation du plastique (l'extraction de produits solubles par un solvant, et notamment par l'eau circulant dans le sol ou dans un substrat contenant des produits toxiques). "Les autorités et l'industrie en portent la responsabilité. Nous les encourageons vivement à respecter le principe de précaution", conclut Kam Sripada.