Favorise la formation de bêta-amyloïde

Alzheimer : découverte d’un récepteur impliqué dans la perte de mémoire

Les « super flics du cerveau », les microgliocytes, sont impliqués dans la maladie d’Alzheimer. Ils perdent en efficacité à cause d’un récepteur, EP2, qui booste la formation d’amyloïde bêta.

  • Par Audrey Vaugrente
  • PURESTOCK/SIPA
  • 10 Déc 2014
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    Une avancée de taille dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer. La mort des cellules nerveuses, que l’on observe chez les malades, est causée par la défaillance d’autres cellules qui jouent le rôle de « super flics du cerveau ». Une équipe de l’université de Stanford (Californie, Etats-Unis) est à l’origine de cette découverte majeure, dont les résultats sont parus dans le Journal of Clinical Investigation.

     

    Nettoyage, défense, apaisement…

    C’est un fait établi, chez les malades d’Alzheimer, les cellules nerveuses se détruisent peu à peu, sous l’action des dépôts de plaque amyloïde. Si ces plaques se forment, c’est parce que d’autres cellules, les microgliocytes, perdent en efficacité. Ces cellules ont une fonction proche des cellules immunitaires. Elles surveillent toute activité ou produit suspicieux, protègent le cerveau des bactéries et virus en les « gobant », apaisent l’inflammation, récoltent les déchets cellulaires et moléculaires… notamment la protéine bêta amyloïde, connue pour son action dans la maladie d’Alzheimer.

     

    « Les microgliocytes sont les super flics du cerveau », résume Katrin Andreasson, principal auteur de l’étude. « Les microgliocytes sont censées, dès le départ, nettoyer sans cesse la bêta amyloïde et garder les rênes de l’inflammation. Si elles perdent leur capacité à fonctionner, on perd le contrôle. La bêta amyloïde s’accumule dans le cerveau, ce qui entraîne une inflammation toxique. »

     

    Des test réussis chez la souris

    L’équipe de Stanford a découvert que les microgliocytes perdent en efficacité à cause d’un récepteur à leur surface : EP2. Lorsqu’il est actif, il se lie à une autre substance, la prostaglandine E2 (PGE2). Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé des souris. Certaines d’entre elles ont été modifiées génétiquement pour développer un équivalent animal de la maladie d’Alzheimer, les autres étaient normales. En présence de bêta amyloïde, les microgliocytes des souris jeunes et normales répondent calmement à la menace, et l’éradiquent. Mais chez les souris « âgées », la réaction est toute autre. L’inflammation explose, l’activité de l’EP2 grimpe en flèche… tandis que la production d’enzymes destructeurs de bêta amyloïde chute fortement. En revanche, chez les souris manipulées pour ne pas exprimer le récepteur EP2, la perte de mémoire et les difficultés d’apprentissage ne se manifestent pas.

     

    Ces résultats sont intéressants à deux titres. D’une part, ils permettent de mieux comprendre le mécanisme d’action de la maladie d’Alzheimer. D’autre part, ils offrent une explication possible au lien entre anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’aspirine, et risque réduit d’Alzheimer. Ces médicaments bloquent l’expression de deux enzymes (COX-1 et COX-2), qui créent une molécule capable de se convertir en prostaglandine E2… Cette même molécule qui déclenche le récepteur EP2 et régule l’inflammation dans le cerveau.

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